Contre le loup à Gap : les troupeaux descendent de la montagne pour le Tour de France

A l’occasion de la journée de repos du Tour de France le 21 juillet, une manifestation est organisée contre le loup sans pour autant gêner le déroulement de l’événement sportif.

La manifestation des éleveurs et bergers de montagne

C’est à l’initiative de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs des Hautes-Alpes qu’il sera organisé une transhumance dans la ville de Gap avec Deux troupeaux de moutons et de vaches. L’un arrivera du nord de la RN85 et l’autre arrivant du Sud de la D994. Les troupeaux se rejoindront sur la place de la préfecture

Vers 11h, une délégation sera reçue à la Préfecture par les représentants de l’Etat, une conférence de presse et une opération de communication grand public seront organisées sur le parvis du conseil général.

Déroulé de la manifestation

Le public pourra bien sûr accompagner les troupeaux ou les encourager sur le parcours. Le Rendez-vous des manifestants est à 8h30 au sud route de Veynes (rond-point du sénateur) et au nord au bord de la RN85 au restaurant Saint Hubert.

Pour symboliser le deuil de l’élevage de montagne, les manifestants seront habillés en noir.

Depuis chaque point de rendez-vous, la transhumance se fera à pied en direction de la Préfecture où l’arrivée est prévue vers 11h. Les moutons et les vaches seront parqués. Pendant qu’une délégation sera reçue à la Préfecture, suivie par une conférence de presse, le publique pourra dialoguer avec les éleveurs et bergers. Les manifestants pique-niqueront sur place… Et pourquoi pas le public… En prévoyant le pique-nique. Cette rencontre est une occasion pour le public d’échanger avec les éleveurs et bergers autour des troupeaux, sachant qu’un plateau TV du Tour de France sera installé sur la place de la République située à proximité de la place de la préfecture

Communiqué de la FDSEA et des JA 05

Depuis Ceuze, vue sur la diversité paysagère des Hautes-Alpes

Une problématique qui dépasse celle du loup

Le problème dure et empire chaque année depuis plus de 20 ans alors que pratiquement tous les éleveurs ont respectés les mesures de protection préconisées. Cette situation entraîne la disparition d’exploitations, notamment les petites et l’abandon d’estives en montagne. Cette régression de l’élevage de montagne, toutes filières confondues, n’est pas sans incidences sur la diversité des paysages, la biodiversité des espèces et sur les activités de loisirs partagés sur les mêmes territoires.

Les incidences sont différentes selon les terrains, les vallées, l’exposition, etc…. Les paysages que nous connaissons ne sont pas une nature sauvage. Ils ont été façonnés par l’homme et ses bêtes au cours des millénaires. Plus de 6000 ans d’actions de l’homme, des bêtes et des variations climatiques qui ne sont pas nouvelles. C’est ensemble qui a donné ce que nous apprécions aujourd’hui : alpages, estives ; chalets et granges, hameaux et villages parfois abandonnés et, bien sûr, les chemins utilisés par les randonneurs. C’est aussi cette présence humaine et animale qui permet d’entretenir certaines pentes et terrains pour éviter ou limiter incendies et avalanches.

Beaucoup de chemins sont déjà abandonnés ou difficilement utilisables. Ce ne sont pas les randonneurs et les écologistes qui les entretiendront, pas plus qu’un office de tourisme. Le pacage d’un troupeau diversifié (ovins, caprins, équins, bovins) permet à lui seul, en quelques passages, d’entretenir un itinéraire dès le printemps. Disposer de zones ouvertes pour admirer le paysage n’est possible qu’avec des bêtes qui pacagent tout l’été. Abandonner ces pratiques traditionnelles c’est perdre un patrimoine naturel remarquable…. Et parfaitement identifié comme remarquable par ceux qui s’y sont imposés comme les réserves et les Parcs Nationaux qui ne sont pas toujours à la hauteur pour maintenir cet équilibre qu’ils se sont accaparés au motif de protection.

La présence du loup (comme de l’ours, fort heureusement peu nombreux) ne fait qu’accélérer une déprise de l’élevage de montagne. L’abandon de nombreuses estives n’est pas dû à la crise du mouton surtout de qualité. L’agneau de Sisteron manque de production. Les débouchés existent. La production ne suit plus et le loup y est responsable pour une très grande partie.

Protéger le pastoralisme c’est aussi défendre le tourisme de loisir dit « durable » ou « raisonnable ». Il n’est pas nécessaire d’aller aux quatre coins du monde pour se vanter de ce label plus commercial que significatif d’un développement durable. Les problèmes de développement durable existent à notre porte, dans nos montagnes. Et au-delà du loup et de ses prédations catastrophiques pour les éleveurs, les vraies questions qui doivent être posées sont :

1/ Que veut-on faire de ces territoires de montagne ?

2/ Qui doit décider de l’avenir de ces territoires de montagne et des femmes et des hommes qui y vivent et y travaillent ?

Louis Dollo

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Photos : @Philippe Lemoine; Berger à Ceuze

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