14 Juillet 1808, la première femme au sommet du Mont-Blanc

Fille du pays, une simple servante d’auberge, emmenée presque malgré elle par ses amis guides (qui espéraient ainsi la rendre célèbre et riche), Marie Paradis racontera qu’elle a été aidée : « tirée, traînée et portée » au sommet. Son ascension n’eut pas un grand retentissement médiatique, contrairement à celle d’Henriette d’Angeville 30 ans plus tard. Pourtant, aujourd’hui, Marie Paradis reste connue, sans doute parce qu’une rue de Chamonix, la « promenade Marie-Paradis », lui rend hommage — une école élémentaire de Saint Gervais les bains porte aussi son nom.

Une équipée de six Chamoniards menée par le guide Jacques Balmat (1762-1834) s’apprête à monter au sommet du Mont Blanc, lorsqu’ils sont rejoints par deux femmes qui veulent les accompagner. Le guide Balmat renvoie l’une car il sait qu’elle nourrit un enfant de sept mois, mais autorise la deuxième, Marie Paradis, à les accompagner. Après une longue marche jusqu’aux Grands-Mulets, elle passe une bonne nuit de repos.

Le lendemain, les choses sont plus difficiles. Marie Paradis souffre dans le passage d’un « endroit assez escarpé ». Elle s’en tire finalement bien mais en haut « elle sentit que ses jambes s’en allaient à tous les diables ». Elle demande alors à Jacques Balmat : « Allez plus doucement, Jacques, l’air me manque, faites comme si c’était vous qui étiez fatigué ». Balmat joue le jeu mais Marie mange de la neige par poignées et bientôt « le mal de cœur s’en mêla ; Balmat, qui s’en aperçut, vit que ce n’était pas le moment de faire de l’amour-propre ; il appela un autre guide, ils la prirent chacun sous un bras, et l’aidèrent à marcher. »

Finalement, en se relayant, ils arrivent au sommet. Le guide Payot raconte : Marie est « presque évanouie ; cependant, elle se remit un peu et porta les yeux sur l’horizon immense qu’on découvre ; nous lui dîmes en riant que nous lui donnions pour sa dot tout le pays qu’elle pourrait apercevoir. »

Devenue l’héroïne de Chamonix, elle s’établit en haut du hameau de La Côte, où pendant longtemps et à chaque nouvelle ascension, comme une bonne fée, « elle dresse un dîner que les voyageurs ne manquent jamais d’accepter en revenant, et, le verre à la main, hôtes et convives boivent aux dangers du voyage et à l’heureuse réussite des ascensions nouvelles ». En 1838, quelques mois avant sa mort, elle participa à la réception donnée après l’exploit d’Henriette d’Angeville et lui dit en la félicitant qu’elle était la première véritable femme alpiniste à monter au sommet du Mont Blanc.

Source Wikipédia.

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