Thamserku, c’est un sommet que beaucoup d’entre nous avons découvert dans le trek au dessus de Katmandou, qui va vers le Kalapathar.
Ce sommet c’est une belle histoire d’amitié de 2 russes, c’est une aventure de partage.
Interview avec Aleksander et Alexander Gukov and Alexey Lonchinsky.
Pourquoi avoir choisi ce sommet ?
Au départ nous n’avions pas choisi ce sommet, nous voulions aller dans le massif de l’Himalaya mais notre permis pour un autre sommet n’a pas été accepté, nous avons dû choisir en peu de jours notre objectif ! En une semaine il aura fallu trouver notre sommet et de quelle voie nous pourrions le grimper ! Le sommet de Tahmserku n’avait pas encore été gravi, nous sommes allés sur Google Earth pour voir à quoi cela pouvait ressembler, cela nous a plu alors la décision fut prise d’aller là-bas. C’est très difficile de changer quoi que ce soit pour une expédition ! C’est déjà très difficile d’avoir du temps partagé entre alpinistes, nous avons un métier en Russie et nous n’avons pas les mêmes disponibilités et la saison en Himalaya est assez courte en fait en fonction des conditions.
Nous avions appris qu’une expédition japonaise avait échoué sur cette face après avoir cassée son réchaud, alors pour nous c’était le bon moment.
Ce n’est pas trop difficile d’organiser en si peu de temps une expédition ?
L’équipement pour une ascension en style alpin est le même, pour la logistique le Népal est un pays plein de ressources, les gens vous aident bien volontiers.
Combien de temps aviez-vous prévu pour faire cette ascension ?
Nous avions du gaz et des provisions pour 7 jours. Nous l’avons réalisé en 6 ! Mais lorsque nous sommes redescendus au camp de base il nous restait 3 sachets de thé et 1 soupe, il était temps.
Quel est votre meilleur souvenir de cette expédition ?
Notre synergie, Aleksander est meilleur en rocher et moi en glace, les choses semblaient simples. C’est vraiment cette facilité à être ensembles, à profiter de ce que nous vivions ensembles qui est notre meilleur souvenir !
Quelle importance les Piolets d’Or représentent-ils pour vous ?
C’est une reconnaissance importante, nous voulions y penser, sans s’imaginer que cela puisse être possible. Désormais c’est chose faite, c’est énorme pour nous.
Avez-vous une idée de votre futur projet ?
Nous ne sommes pas intéressés par des voies classiques sur des 8000 ! Nous voudrions ouvrir une nouvelle route. Nous regardons de près le Thulagi peak au Népal à côté du Manaslu. Il y a encore tant de sommets de plus 7000 mètres qui restent encore à gravir. 6 de nos amis russes y ont fait une expédition en 2014 mais n’ont pas réussi ce qu’ils voulaient. Alors nous pourrions bien y aller en septembre.
Pensez-vous que les Piolets d’Or puissent vous apporter une reconnaissance pour des sponsors ?
Jusqu’à aujourd’hui nous avons toujours financé nos expéditions. La situation économique en Russie est délicate et trouver des sponsors est vraiment difficile en ce moment. L’argent est à Moscou, le reste du pays tente de survivre !
Une ascension solo a-t-elle plus de valeur qu’une ascension en équipe ?
On ne peut pas comparer c’est très différent, le solo est surtout une volonté de l’esprit ! Etre à 2 en montagnes c’est un esprit de partage, c’est une communion ensemble avec la montagne. Ces émotions doivent être partagées.
Que pensez-vous de la carrière de Chris Bonington ? Pensez-vous qu’il a été à la bonne époque pour conquérir les sommets ?
Nous l’avons rencontré hier, c’est plein d’humilité que nous avons échangé avec lui, sur sa philosophie. Ce n’est pas juste un grand alpiniste, c’est une personne avec des valeurs importantes.
Il a été effectivement à une époque où des grands sommets restaient à conquérir. Il reste aujourd’hui tant de sommets entre 6 et 7000 mètres qui n’ont encore vu personne ! Et puis chaque sommet à plusieurs faces et plusieurs lignes possibles. A nous d’inventer celle qui pourra nous séduire, d’inventer de nouvelles possibilités…
Vous avez appelé cette voie « Shy girl », pourquoi ?
Thamserku est très proche du surnom de la copine d’Alexey qui est Taserqu. Plus nous montions plus nous en parlions. Elle est comme cette montagne, difficile à appréhender ! Difficile à conquérir et très timide, alors nous avons nommé cette voie de cette timidité en hommage à l’amie d’Alexey.
Une anecdote qui vous revient ?
Nous sommes partis de Katmandu avec des sacs énormes, nous croisions les trekkeurs qui allaient faire les balcons de l’Everest. A un moment nous devions partir à droite pour rejoindre la base de Thamserku, nous avons été interpellé par les marcheurs : « hey les gars, l’Everest c’est par là » cela nous a fait beaucoup rire !