Une bactérie inconnue se développe dans la station spatiale chinoise, digne d’un film de science-fiction

En mai 2023, lors d’une mission de routine dans la station spatiale chinoise Tiangong, un échantillon surprenant a été recueilli : une bactérie jusqu’alors inconnue sur Terre. Ce phénomène, digne des meilleurs scénarios de science-fiction, soulève une multitude de questions sur la vie en orbite et les risques microbiologiques dans l’espace【1】.

Une bactérie spatiale qui défie l’imagination

Lors de l’expédition menée par l’équipage de Shenzhou-15, les scientifiques ont fait une découverte fascinante dans l’un des modules d’habitation de la station Tiangong : une bactérie totalement nouvelle, baptisée Niallia tiangongensis, en hommage à la station qui l’a vue naître. Cette découverte intrigue profondément les chercheurs, car cette bactérie présente des caractéristiques étonnantes et semble avoir évolué de manière unique pour s’adapter à l’environnement extrême de l’espace.

Le programme China Space Station Habitation Area Microbiome Program (CHAMP), qui se concentre sur l’étude des micro-organismes à bord, a révélé que le microbiome de la station Tiangong diffère de manière significative de celui de la Station spatiale internationale (ISS). En effet, la station chinoise abrite un nombre important de microbes liés à l’être humain, mais aussi une grande diversité fonctionnelle et génétique . Cette diversité est probablement due à l’adaptation des bactéries aux conditions particulières de l’espace, telles que la microgravité, les rayonnements intenses et un environnement confiné【2】.

Un exploit de survie

Niallia tiangongensis appartient à la famille des bactéries robustes, comme Niallia circulans, une bactérie bien connue dans les sols et capable de former des spores pour survivre à des conditions difficiles. Mais ce qui rend cette bactérie exceptionnelle, c’est sa capacité à dégrader la gélatine pour en extraire de l’azote et du carbone, des éléments essentiels pour construire un biofilm protecteur. Cette capacité pourrait lui permettre de survivre aux rigueurs de l’espace. En revanche, Niallia tiangongensis semble avoir perdu la capacité d’utiliser d’autres sources d’énergie, un signe évident de l’adaptabilité étonnante des organismes vivants face à un nouvel environnement.

Un risque pour les missions spatiales ?

Si l’on ignore encore si cette bactérie représente un danger direct pour la santé des astronautes, son parent Niallia circulans est lié à des infections sévères chez les personnes immunodéprimées. Cette découverte met en lumière les risques sanitaires liés à la prolifération de micro-organismes dans des stations spatiales confinées. Les chercheurs soulignent l’importance de comprendre comment ces bactéries se développent, interagissent avec l’équipage et influencent la durabilité des équipements à bord. Un problème de contamination pourrait non seulement affecter la santé des astronautes, mais également endommager les instruments de la station, compromettant ainsi le bon déroulement des missions.

Les scientifiques sont également préoccupés par la question de la résistance croissante des microbes, y compris aux antibiotiques, un phénomène déjà observé dans d’autres stations spatiales. Ce phénomène pourrait rendre les contaminations encore plus difficiles à gérer, soulignant la nécessité de protocoles de sécurité plus stricts et de recherches approfondies pour comprendre ces nouveaux agents microbiens【3】.

L’avenir des missions interplanétaires

La découverte de Niallia tiangongensis n’est pas un cas isolé. Dans les laboratoires de la NASA, des recherches similaires ont révélé des bactéries capables de survivre dans des environnements extrêmes, comme ceux de Mars. Ces organismes résilients possèdent des gènes spécialisés dans la réparation de l’ADN et la résistance à des conditions que l’on croyait stériles. Avec les projets de missions habitées vers la Lune, Mars, et au-delà, le contrôle du microbiome spatial devient une priorité 【4】.

Le saviez-vous ? Des tests réalisés sur des micro-organismes exposés à des conditions martiennes simulées montrent qu’ils peuvent survivre à des niveaux de radiation similaires à ceux de l’espace.

Le défi ne se limite pas à prévenir la contamination des astronautes, mais concerne également la compréhension de l’évolution des micro-organismes dans un environnement fermé et extrême. Ainsi, l’étude de la bactérie Niallia tiangongensis ouvre de nouvelles perspectives pour la recherche sur la vie dans l’espace et sur l’impact des conditions spatiales sur les organismes vivants.

Conclusion : une nouvelle frontière pour la science

Cette découverte rappelle que, malgré les avancées technologiques et les précautions prises, l’homme n’est jamais vraiment seul lorsqu’il explore l’espace. Les micro-organismes, invisibles et surprenants, pourraient jouer un rôle essentiel dans la réussite ou l’échec des futures explorations spatiales. Il est donc impératif de mieux comprendre ces nouvelles formes de vie, qui semblent s’adapter à un environnement où la vie humaine, elle, peine parfois à s’imposer. Une chose est sûre : l’espace reste un terrain de jeu fascinant et mystérieux pour les scientifiques.

Notes et références

  1. NASA, « Gravitational Effects and Radiobiology of Microbes in Space (GERMS) ». https://www.nasa.gov/ames/space-biosciences/gravitational-effects-and-radiobiology-of-microbes-in-space/
  2. Science News, «The International Space Station lacks microbial diversity. Is it too clean? ». https://www.sciencenews.org/article/international-space-station-microbial
  3. NASA, « Genomic Enumeration of Antibiotic Resistance in Space (GEARS) ». https://science.nasa.gov/biological-physical/investigations/gears/
  4. NASA, « Microbes Could Survive Thin Air of Mars ». https://astrobiology.nasa.gov/news/microbes-could-survive-thin-air-of-mars/

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