Un scénario fait récemment le tour de certains médias : la découverte à Hawaï d’un gisement d’or « colossal », assez vaste pour bouleverser l’économie mondiale. Mais il faut le dire clairement : il ne s’agit pas d’un fait avéré, mais d’une hypothèse imaginaire. Alors, que disent réellement les données scientifiques sur l’or terrestre ? Et pourquoi ce type de récit fascine-t-il autant ?
Un « gisement record »… qui n’existe pas
Dans l’histoire rapportée, des chercheurs auraient identifié à Hawaï un immense réservoir d’or grâce à la présence de ruthénium. Si ce récit est séduisant, il n’a aucun fondement scientifique confirmé. Aucune étude publiée ni rapport officiel de l’US Geological Survey (USGS) n’atteste d’un gisement aurifère de cette nature à Hawaï. Les grandes réserves mondiales connues se situent toujours en Afrique du Sud, en Australie, en Russie et en Chine¹.
L’or sur Terre : un métal rare et précieux
Selon le World Gold Council, environ 244 000 tonnes d’or ont été extraites au total dans l’histoire, dont la moitié depuis les années 1950². Chaque année, les mines produisent autour de 3 000 tonnes supplémentaires. Ces chiffres permettent de comprendre pourquoi l’or conserve sa valeur : les volumes restent limités à l’échelle mondiale.
Ruthénium et autres métaux : de vraies propriétés
Le ruthénium, évoqué dans le récit fictif, est bien un métal réel, appartenant au groupe du platine. Utilisé dans l’électronique et les alliages industriels, il est extrait notamment en Russie et en Afrique du Sud. Mais aucune corrélation géologique n’existe entre la présence de ruthénium et des gisements massifs d’or.
De vrais gisements records
Si l’on cherche des « trésors » bien réels, les bassins du Witwatersrand en Afrique du Sud restent les plus importants jamais exploités, représentant près de 30 % de l’or extrait dans le monde depuis un siècle³. Plus récemment, de vastes projets miniers en Australie et en Chine prolongent encore la production.
Quand l’imaginaire interroge le réel
Imaginer un monde où l’or deviendrait aussi banal que le fer reste un excellent exercice de science-fiction. En réalité, si un tel scénario se produisait, il bouleverserait en profondeur les marchés financiers : l’or ne jouerait plus son rôle de valeur refuge, et l’équilibre géopolitique mondial pourrait en être affecté.
Le saviez-vous ?
La concentration d’or dans la croûte terrestre est très faible : environ 0,004 gramme par tonne de roche en moyenne⁴. C’est cette rareté géologique qui explique pourquoi l’or reste, encore aujourd’hui, si convoité.
Notes de bas de page
- US Geological Survey – “Mineral Commodity Summaries: Gold” (2024) — https://pubs.usgs.gov/periodicals/mcs2024/mcs2024-gold.pdf
- World Gold Council – “How much gold has been mined?” (2023) — https://www.gold.org/about-gold/gold-supply/gold-mining/how-much-gold
- Encyclopædia Britannica – “Witwatersrand Basin” (consulté août 2025) — https://www.britannica.com/place/Witwatersrand
- CNRS – “L’or, un métal vraiment rare” (2019) — https://lejournal.cnrs.fr/articles/lor-un-metal-vraiment-rare