Un gisement d’or colossal sous nos pieds… mais inaccessible avec les technologies actuelles

La fascination pour l’or tient autant à ses usages qu’à sa rareté « accessible ». À l’échelle de l’histoire humaine, environ 216 265 tonnes ont été extraites – l’estimation de référence la plus récente du World Gold Council – soit à peine un cube d’un peu plus de 22 m de côté.¹

L’or, plus qu’un métal

S’il captive depuis des millénaires, c’est parce qu’il est inerte, malléable et conducteur. La science confirme aussi que l’or est un élément sidérophile (ami du fer) qui migre naturellement vers le noyau terrestre lors de la différenciation de la planète – ce qui explique sa faible abondance dans les enveloppes superficielles.

Le saviez-vous ?
La plupart des éléments hautement sidérophiles (or, platinoïdes…) présents aujourd’hui dans le manteau proviennent en partie d’apports tardifs (« late veneer ») après la formation du noyau – une des explications avancées pour leurs teneurs mesurées en surface.

Des chercheurs de Göttingen ont découvert de minuscules traces de ruthénium, un métal précieux, dont la composition isotopique était anormale dans des laves d’Hawaï. USGS/M Patrick

Le noyau terrestre, coffre-fort inaccessible

Dire que « la quasi-totalité » de l’or est profondément enfouie n’est pas qu’une image : la majorité a migré vers le noyau, à des milliers de kilomètres de profondeur. Même si l’on aime comparer cet or hypothétique à une couche qui « recouvrirait la Terre », ces ordres de grandeur restent pédagogiques et non des mesures officielles. Forer jusqu’au noyau est irréaliste : le forage le plus profond jamais réalisé (Kola, ex-URSS) n’a atteint « que » 12 262 m

Le saviez-vous ?
Les zones les moins froides et les plus stables d’un réfrigérateur ne sont pas pertinents ici 😉… mais, pour la Terre, la pression et la température à plusieurs milliers de kilomètres rendent tout accès physiquement impossible.

Vue en coupe de la Terre. Université de Göttingen (OpenAI)

Quand les volcans nous livrent quelques traces

De récentes analyses isotopiques très haute précision montrent que des signatures issues de l’interface noyau–manteau peuvent remonter par panaches mantelliques (Hawaï, notamment) : des anomalies sur des isotopes de ruthénium et de tungstène-182 ont été rapportées dans des laves océaniques modernes, suggérant des contributions profondes.³
Autrement dit, une fraction infime des métaux précieux piégés en profondeur peut, à l’échelle des temps géologiques, réapparaître en surface – sans pour autant constituer des gisements exploitables.

Vers les astéroïdes, une alternative crédible ?

L’exploitation minière des astéroïdes fait rêver depuis des années. La mission Psyche de la NASA étudie un astéroïde métallique pour mieux comprendre les noyaux planétaires ; mais les « valorisations » médiatiques chiffrées en quadrillions restent théoriques et sans portée économique réelle (coûts d’accès, incertitudes de composition, marchés).⁴

Entre fascination et frustration

Ce tableau rappelle que nos ressources accessibles ne sont qu’un échantillon de ce que recèle la planète – et que nos capacités techniques imposent des limites tangibles. L’or demeure, pour l’essentiel, hors d’atteinte, mais les progrès de la géochimie et de la planétologie affinent notre compréhension : la Terre et le Système solaire gardent encore bien des secrets.

Notes de bas de pages

  1. How Much Gold Has Been Mined? (216 265 t au 11/02/2025) — World Gold Council — https://www.gold.org/goldhub/data/how-much-gold
  2. Forage SG-3 (Kola) : profondeur maximale atteinte 12 262 m — Wikipédia (FR) — https://fr.wikipedia.org/wiki/Forage_SG-3
  3. Des métaux précieux dans les laves d’Hawaï révèlent une “fuite” du noyau terrestre — Futura-Sciences — https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/terre-metaux-precieux-laves-hawai-revelent-fuite-noyau-terrestre-122246/
  4. 16-Psyché : une “valeur” colossale… mais théorique — BFMTV — https://www.bfmtv.com/sciences/16-psyche-l-asteroide-qui-vaut-plus-cher-que-toute-la-richesse-de-la-terre_AN-201701170034.html
  5. Comment sait-on que le noyau terrestre est composé essentiellement de fer ? (comportement “sidérophile”) — ENS Lyon / Planet-Terre — https://planet-terre.ens-lyon.fr/article/noyau-fer-Terre.xml

Laisser un commentaire