Des secours plus agiles en ville et des robots capables d’adapter leur forme pour s’y frayer un chemin. À condition toutefois que la techno passe les tests hors labo et que l’on sache où elle excelle vraiment.
Un robot qui change de forme… en plein vol
Imaginez un instant : un drone qui ne se contente pas de voler. Il atterrit, change de posture en plein vol, et se met à rouler avec une agilité surprenante. Ce n’est pas le scénario d’un film de science-fiction, mais une réalité technologique baptisée ATMO, pour Aerially Transforming Morphobot. Un nom un peu compliqué pour un robot qui, lui, aime aller droit au but.
Conçu par une équipe d’ingénieurs du très respecté California Institute of Technology (Caltech), ce petit bijou de robotique intelligente est un concentré d’innovation. Dans les airs, il ressemble à un drone classique avec ses quatre hélices. Mais à l’atterrissage, les carénages des hélices (shrouds) pivotent pour devenir des roues motorisées, l’ensemble basculant via un seul moteur central.¹

Atterrissage intelligent et déplacement au sol
Il faut le voir pour le croire : l’ATMO ne se pose pas, il amorce ce que les chercheurs appellent un atterrissage dynamique sur roues (souvent désigné « dynamic wheel landing »). En clair, les propulseurs changent d’angle avant même que le robot ne touche le sol, permettant une transformation fluide et sans heurts. Ce pilotage s’appuie sur un contrôle prédictif par modèle (MPC) qui anticipe les forces proches du sol et ajuste la manœuvre en temps réel.²
Un ami passionné de drones m’a avoué qu’il aurait adoré avoir ce système sur son propre appareil — le genre de technologie qui éviterait bien des crashs sur terrains accidentés. C’est d’ailleurs là que l’ATMO brille particulièrement : il s’adapte au relief, aux obstacles, aux irrégularités. Là où d’autres robots échoueraient à se poser, lui anticipe et s’adapte en temps réel grâce à un algorithme de pilotage ultra sophistiqué.

Une mécanique de précision au service de la mobilité
Le cœur de ce robot repose sur une mécanique aussi fine qu’un mouvement d’horlogerie suisse. Contrairement aux modèles précédents qui disposaient d’un moteur par hélice et par roue, l’ATMO fait mieux avec moins : un seul moteur central permet de gérer le déploiement ou le repli des modules, grâce à une cinématique verrouillable (type vis sans fin). Au sol, la motricité passe par deux transmissions à courroies et la direction par différentiel de vitesse entre les côtés.³
Le saviez-vous ?
ATMO pèse environ 5,5 kg (batterie incluse) ; compact, il change d’envergure entre configuration aérienne et roulante, ce qui facilite ses évolutions à ras du sol.⁴
La magie ne s’arrête pas là. Dès que l’ATMO est au sol, ses roues se mettent en action et sa direction est assurée par un différentiel qui fait varier la vitesse de chaque côté. Résultat : il tourne, accélère, et se faufile avec la fluidité d’un jouet radiocommandé… mais bardé de technologie avancée.

Des applications concrètes, bien au-delà du laboratoire
Ce qui impressionne le plus, c’est l’impact potentiel de ce robot en conditions réelles. Pensez aux secours en zones urbaines sinistrées : rues encombrées, bâtiments partiellement effondrés, accès impossibles pour les véhicules traditionnels. L’ATMO pourrait être envoyé pour cartographier les lieux, livrer du matériel de premier secours, ou établir un premier contact audio-visuel avec des victimes.
Un pompier que j’ai croisé à une conférence tech m’a confié que ce type d’engin pourrait « gagner des minutes précieuses quand chaque seconde compte ». Et il a raison. À ce stade, les usages mis en avant par les auteurs concernent surtout la livraison du dernier kilomètre et l’exploration ; l’emploi en secours urbain reste à démontrer sur le terrain.⁵
En conclusion : la technologie au service de la vie
Au-delà de la performance technique, c’est bien l’aspect humain qui rend cette innovation si prometteuse. L’ATMO n’est pas juste un gadget de laboratoire. Il pourrait devenir un outil vital, notamment dans les interventions d’urgence. Et si, demain, ces robots hybrides patrouillaient les zones à risque, ou devenaient les premiers arrivés sur les lieux d’une catastrophe ?
Encore faut-il que cette technologie passe le cap de l’expérimentation à grande échelle. Mais une chose est sûre : on assiste là à un tournant fascinant dans le domaine des robots multifonctions, capables de s’adapter, d’apprendre, et surtout, d’agir là où l’homme ne peut pas toujours intervenir.
Notes de bas de page
- « Mid-Air Transformation Helps Flying, Rolling Robot to Transition Smoothly » — Caltech — https://www.caltech.edu/about/news/mid-air-transformation-helps-flying-rolling-robot-to-transition-smoothly
- Mandralis I. et al., « ATMO: an aerially transforming morphobot for dynamic ground-aerial transition » — Communications Engineering (Nature), 19 avril 2025 — https://www.nature.com/articles/s44172-025-00413-6
- Ibid., détails cinématiques et entraînement (courroies, différentiel) — Nature — https://www.nature.com/articles/s44172-025-00413-6
- Ibid., caractéristiques physiques (masse) — Nature — https://www.nature.com/articles/s44172-025-00413-6
- Ibid., cas d’usage (dernier kilomètre, exploration) — Nature — https://www.nature.com/articles/s44172-025-00413-6