Les éditions Nivéales, regroupement monopolistique de la presse montagne et escalade en France, ont décidé de porter plainte contre le Groupe de Haute Montagne (GHM).
Objet du litige ? La propriété intellectuelle DES Piolets d’Or.
Nous vous avions déjà fait part de l’abîme qui s’était creusé entre les deux entités au fur et à mesure des éditions du Piolet d’Or.
L’idée mercantilo-marketing de l’évènement se focalisant sur la compétition et la présence d’un seul vainqueur, défendue par le groupe de presse Nivéales ne semblait plus correspondre à la pratique de l’alpinisme de haut niveau actuel tel que défendue par les membres du Groupe de Haute Montagne.
L’apparition DES Piolets d’Or, marquait la volonté du GHM de créer un nouvel évènement plus festif et convivial et le moins compétitif possible.
La propriété intellectuelle Du Piolet d’Or avait été déposée auprès de l’INPI par le Président du GHM de l’époque en 2000. Cette propriété était tripartite, répartie entre Les éditions Nivéales, le GHM, et Guy Chaumereuil, alors rédacteur en chef de Montagne Magazine, et qui trouvait ainsi le moyen de se positionner en arbitre entre les deux entités.
On peut se demander pourquoi Guy Chaumereuil apparaissait en son nom comme propriétaire Du Piolet d’Or. Pourquoi pas alors Jean-Claude Marmier (président du GHM en 1991 et pouvant se réclamer tout autant être l’inventeur du concept) ?
Quoi qu’il en soit, la protection de cette propriété du nom expirait en 2010.
A l’occasion de l’annulation DU Piolet d’Or de 2008 épuisé par trop de polémiques, le GHM pouvait alors mettre en œuvre dès 2009 avec la commune de Chamonix puis celle de Courmayeur et de nombreux autres partenaires un nouvel événement : « LES Piolets d’Or », correspondant aux vœux de la communauté internationale des alpinistes.
La nouvelle marque « Les Piolets d’Or » fut donc déposée par le GHM en 2010. Guy Chaumereuil et les éditions Nivéales ne réagissant pas lors de la date d’expiration du nom « Piolet d’Or »
Il faudra attendre 2013 et la crise ouverte par Nivéales dénonçant l’aboutissement des finalités de la nouvelle marque du fait de l’attribution d’un trophée à tous les nominés sans distinction pour que Guy Chaumereuil et son ancien employeur prennent conscience des conséquences de cet oubli.
Ne pouvant plus intervenir auprès de l’INPI, c’est donc devant la justice qu’ils décident d’attaquer le Groupe de Haute Montagne.
Cela montre une fois de plus le divorce entre les institutions représentants les pratiquants (FFME, FFCAM, GHM…) et une presse spécialisée en pleine crise qui ne sait plus comment faire pour exister et peser sur le milieu.
Il est vrai qu’être à la fois en situation de monopole sur la presse spécialisée papier pour relayer les performances alpines, tout en étant en charge de désigner jury et nominés de la principale récompense alpinistique mondiale, cela laissait peu de place à la contestation.
Comment pourrait se solder la sortie de crise ?
En 2007 Nivéales avait déjà poussé dehors le GHM, le forçant à démissionner de l’organisation Du Piolet d’Or. Fort de ce succès ils ont cru pour l’édition 2008 pouvoir se passer du GHM. C’est finalement le sponsor principal qui décida d’annuler la manifestation et ce fut la mort Du Piolet d’Or.
En 2014 on se demande bien quels pourraient être les partenaires en France comme à l’étranger prêts s’investir au côté du groupe de presse
Même s’il s’avérait que ce soit à juste titre, sont-ils prêts à assumer devant l’histoire d’avoir fait condamner par la justice le GHM, et d’avoir fait disparaître une institution créée en 1919 et vieille de quatre-vingt-quinze ans ?
Quels sont les bénéfices possibles de cette action en justice ?
Les dirigeants de Nivéales ont toujours souligné qu’ils perdaient beaucoup d’argent dans l’opération Du Piolet d’Or ! Or le but d’une société commerciale c’est à priori de gagner des sous.
La rédaction de Montagnes Magazine avait elle-même dénoncé en 2010 les fiascos des opérations de prestige de ses dirigeants ? (« Montagne Magazine, chronique d’un sabordage » )
Extrait : « Traversant des difficultés financières sérieuses suite à des investissements hasardeux dans des opérations de prestige se traduisant en fiasco, les dirigeants de la société Nivéales, Jean-Pierre Roger et Pascal Maltherre, ont décidé d’en demander encore un peu plus à la « vache à lait », quitte à la faire mourir! ») Ces derniers voyant d’ailleurs à cette époque leur entreprise placée en situation juridique de « procédure de sauvegarde ».
Il semble difficile pour les éditions Nivéales et pour Guy Chaumereuil de sortir grandis de cette action. Avec comme seule perspective une victoire à la Pyrrhus
On se demande quel est le véritable intérêt de ce combat.
Dans l’hypothèse d’un succès devant les tribunaux, on imagine mal le GHM s’associer de nouveau au groupe Nivéales pour un nouvel évènement ? Or sans le GHM, l’évènement perd toute sa crédibilité pour ne devenir qu’un prix délivré par un organe de presse national. L’avenir s’annonce orageux pour les Piolets d’Or.
NDLR : malgré de nombreuses tentatives pour joindre Jean-Pierre Roger aux Editions Nivéales et Guy Chaumereuil, ceux ci n’ont pas répondu à nos messages. Nous n’avons donc pas pu obtenir leur position, mais nous ne désespérons pas.