Le nouveau plan départemental de secours en montagne est entré en vigueur le 5 septembre. L’arrivée des pompiers en renfort des CRS et des gendarmes fait déjà polémique
Les hommes en bleu de la CRS de montagne et du PGHM (peloton de gendarmerie de haute montagne) voient rouge. Un mois après la mise en œuvre d’un nouveau schéma départemental de secours en montagne, qui pour eux « fait la part trop belle » aux sapeurs-pompiers, c’est déjà la guerre entre services.
« On retient nos gars tant qu’on peut, mais cette histoire va mal finir », souffle le capitaine Florian Austruy, commandant la section montagne de la CRS 06 et délégué du syndicat des cadres de la sécurité intérieure. En juillet 2011, au détour d’un canyon, une intervention dans la vallée de l’Estéron avait déjà failli finir en pugilat. Policiers et pompiers s’étaient alors disputé la même victime. Les seconds pour couper l’herbe sous le pied des premiers avaient même réquisitionné un hélicoptère… bombardier d’eau ! C’était à celui qui sauverait le premier cette malheureuse victime souffrant, par chance, d’une simple luxation à l’épaule.
« Ils ont biaisé le système »
Aujourd’hui, avec la mise en œuvre le 5 septembre dernier du nouveau plan de secours, c’est à qui en sauvera le plus. « Sauf que le secours en montagne n’est pas un gâteau, déplore le capitaine Austruy. C’est un service d’urgence que l’on rend à des victimes. Au bout du compte ce sont elles qui vont faire les frais de cette situation. Et peut-être aussi les secouristes qui exercent l’un des métiers les plus mortifères. Chez nous la moindre erreur peut être fatale. Or, aujourd’hui, nous n’intervenons plus dans des conditions sereines. »
La faute à qui ? CRS et gendarmes pointent du doigt les pompiers du SDIS 06. La circulaire « Kilh » avait pourtant acté, dès 2010, l’arrivée en renfort des hommes en rouge. Il aura néanmoins fallu deux ans, et de nombreuses réunions de concertation, pour que cela devienne une réalité dans le département. Le nouveau plan de secours en montagne est donc entré en vigueur au début du mois de septembre. Il prévoit notamment que les pompiers centralisent les appels d’urgence. Et c’est là que le bât blesse…
« Ils ont biaisé le système, s’insurge le capitaine Austruy. Comme c’est eux qui reçoivent l’alerte, c’est aussi eux qui déclenchent les moyens de secours. Et bien sûr ils privilégient leurs équipes. »
Marc Almonte, un CRS membre du syndicat Alliance, a fait le calcul : « A ce rythme-là sur les 150 interventions annuelles que nous réalisons habituellement nous n’en feront plus. »