Un visage large de gros matou, une fine moustache de danseur de tango argentin, la boutade au bord des lèvres et une gouaille comme dans les dialogues de Michel Audiard, Robert Paragot n’est pas vraiment un triste. Un jour, son pote de grimpe, Edmond Denis, dit ‘la Crevette’, est si contorsionné de rire que la ceinture de son pantalon, trois fois trop large, craque. La scène se déroule en Argentine, dans les appartements de Juan Perón. Le pauvre Edmond est bien embêté quand le président décide de serrer chacun de ses invités dans ses bras. Nous sommes en 1954. Robert et sa bande de prolos sont sur le point de réussir l’un des plus beaux exploits de l’alpinisme moderne. Ils sont six. Six jeunes Parigots, des orfèvres du rocher, qui, week-end après week-end, répètent leurs acrobaties sur les blocs de la forêt de Fontainebleau, alors ‘gymnase de l’alpinisme’, ou sur la falaise du Saussois, dans l’Yonne.