Un accident a révélé l’exercice de faux guides polonais. Ce n’est que la pointe de l’iceberg. – Cet exemple illustre les dérives liées à la banalisation du site, fréquenté par 20 000 à 30 000 personnes par an. – Faut-il serrer la vis en réglementant l’accès au massif? La question fait bondir les milieux professionnels.
On les appelle les «guides marron». Les montagnards qui se prennent pour des professionnels ont toujours existé, mais de façon marginale. Aujourd’hui, une affaire d’une autre ampleur entache le paysage immaculé du Mont-Blanc. Un Polonais qui encadrait illégalement trois clients s’est tué dernièrement dans le couloir du Goûter. Son compatriote, lui aussi sans diplôme, passera devant la justice française à la fin de septembre pour usurpation de titre. Il risque un an de prison et 15 000 euros d’amende. L’affaire des faux guides polonais n’est que la pointe de l’iceberg. Elle ravive surtout la polémique sur la réglementation d’accès au massif le plus fréquenté d’Europe.
La victime était géologue de profession. Un amoureux des pierres fait-il pour autant un bon guide de haute montagne? Le trentenaire avait bien l’autorisation d’exercer dans certains massifs de son pays. Pas au Mont-Blanc. Le jour du drame, il y emmenait pour la première fois un groupe, sans avoir le diplôme de guide de haute montagne ni l’équivalence reconnue par l’Union internationale des associations de guides de montagne. C’est le troisième cas connu en trois ans. Et cette fois-ci, les enquêteurs du peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) ont découvert qu’une agence de voyages polonaise avait organisé l’expédition.
«Le problème des guides marron est de moins en moins rare. Mais avec cette histoire, on a atteint une autre dimension, s’inquiète Eric Favret, président des guides de Chamonix. L’agence avait le devoir de vérifier la compétence de ces gens. Il y a aujourd’hui une vraie commercialisation d’un produit.»
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Photo C.Larcher/CWN/kairn.com