Après ‘la Petite Fille de la terre noire’, le réalisateur sud-coréen Jeon Soo-il nous entraîne dans les montagnes du Népal suivre les pas d’un homme perdu. Chronique d’un exil. ‘Destination Himalaya, le pays d’où vient le vent’, de Jeon Soo-il. Corée du Sud. 1 h 35.
Le réalisateur Jeon Soo-il signe ici son sixième film, le second seulement à sortir en France. Il nous emporte cette fois dans une vaste échappée, au cœur des sommets du Népal et des égarements de l’âme humaine en quête de sens. C’est d’abord dans la blancheur clinquante des marbres et des chromes d’un immeuble d’affaires que nous rencontrons un homme qui semble s’y diriger avec l’assurance d’un somnambule. Il traîne une égale lassitude sur son canapé design, adossé à la banquette du taxi dont on ne sait où il le mène, croisant au petit bonheur la chance une circulation de cinglés. Choi (le grand acteur coréen Choi Min-sik) est un entrepreneur dont l’un des employés, Dorgy, vient de perdre la vie dans la très urbaine tragédie d’un accident de voiture. Dorgy était originaire du Népal. Du taxi à l’avion, sans presque d’étapes, Choi arrive dans ces terres du bout du monde sans avoir quitté son costume de ville. C’est d’un pas hagard, son imperméable citadin au bras, croulant sous une asphyxie qui ne le quittera pas de longtemps que Choi tentera de suivre le sherpa chargé de son petit bagage jusqu’au village de Dorgy. Village situé au-delà des cirques immenses, des chemins lancés à l’infini de montagnes dont les plans ne cessent de se découper. Choi y parviendra évanoui sur un mulet, comme un « étranger » de western.