Gérôme Pouvreau a réalisé vendredi la seconde ascension de la « guerre des nerfs », le 9a de Pierre Soulé à la Verrière. Il nous en dit plus sur cette belle coche et sur comment il voit son année 2010.
Gérôme et Florence sous le soleil d’Arnas cet après-midi
– Kairn : Raconte nous un petit peu ta belle coche de cette fin de semaine :
– Gérôme : cela se trouve à la Verrière dans les gorges de la Dourbie. C’est un spot dont Pierre Soulé m’avait parlé. Il avait fait la première de la voie « la guerre des nerfs » et voulait que j’aille essayer. On a profité des vacances pour y faire un séjour avec Florence (Pinet), Cédric Lo Piccolo et Enzo Oddo. On a été agréablement surpris, c’est une super falaise avec de la belle colo. Quant à la voie, cela peut se découper en deux sections dures, autour de 8c chacune. Concernant la cotation, je ne suis pas sûr de moi, car cela m’a bien convenu et j’aurai pu la plier vite, au deuxième voire premier essai. Comme je ne sais pas trop où j’en suis en ce moment, je préfère attendre que d’autres personnes y aillent, cela se joue entre 8c+ et 9a je pense.
– Kairn : Combien de temps as-tu mis au final, et qu’est-ce qu’il t’a posé problème pour l’enchaînement ?
– Gérôme : Ben j’avais 3 jours pour la faire, c’est un petit peu court. Je fais une première montée un peu à l’arrache et je tombe du coup au premier essai tout en haut car je n’étais pas bien calé. Et au final, j’ai mis 3 jours pour la faire, et au dernier essai j’ai réussi à vaincre le mouvement qui me convenait vraiment pas là haut. Du coup j’ai fait un peu l’amateur en fait, j’avais pas bien repéré là haut, j’ai changé de méthodes à l’ultime essai et ça m’a permis de faire la croix. Je me suis globalement senti à l’aise dans le reste de la voie, cela ne me posait pas vraiment de problème. Le dernier jour, au bout de 3 jours d’essais j’étais vraiment cassé avec deux runs par jour à chaque fois et j’ai quand même réussi à la faire donc j’estime avoir eu une certaine marge.
– Kairn : D’autres projets en ce moment en falaise derrière la tête ?
– Gérôme : Ben du coup j’avais ma petite liste de croix pour l’année 2010, la « Guerre des nerfs » en faisait partie, donc c’est rayé. J’aimerai retourner à la vierge à La Sainte-Victoire pour réessayer « Aubade directe » que je n’étais pas loin de faire l’année dernière mais la voie n’est pas à conditions en ce moment donc j’attends que les beaux jours arrivent. Je n’ai pas de réels projets en ce moment mais je vais essayer d’attaquer là où c’est sec. Je vais essayer d’y retourner avec Cédric et Enzo.
Gérôme dans ‘Aubade’ à la Sainte-Victoire (crédit : King Of Da Caillasse)
– Kairn : Tu es ici à la coupe de France d’Arnas pour coacher les jeunes du club de l’AS Grimper, premier club de France 2009. Parle-nous un peu de tout cela.
– Gérôme : Je suis le salarié du club de l’AS Grimper. Je travaille deux soirs et le mercredi après-midi, sur les deux salles d’Aix et Marseille. J’entraine un groupe d’une douzaine de jeunes en bloc et en difficulté, avec des accès au CREPS le mercredi après-midi. Mon regret est de voir mes jeunes peu souvent car ils sont trop dispersés sur Aix et Marseille pour avoir un suivi encore meilleur. Mais déjà il y a de la motivation des deux côtés, et c’est l’essentiel pour que cela fonctionne bien. J’aime bien travailler avec les jeunes, j’essaie de transmettre ce que l’on m’a transmis donc c’est un juste retour des choses, c’est bien pour la fédé, nos équipes de France. C’est important que des cadres prennent les choses en main, avec des conseils judicieux. J’ai envie de contribuer à ce que notre pays soit un grand nom de la compétition en escalade. Ca me tient à cœur et ça fait plaisir de voir qu’il y a de la relève, que des jeunes nous remplacent quand nous allons partir, et qu’ils fassent mieux que nous. C’est le but !
– Kairn : Les Natural Games approchent. Tu as toujours été très motivé par ce genre d’évènement. On t’y verras ? Que penses-tu de cette édition 2010 des Natural Games ?
– Gérôme : Ben du coup c’est vrai que ce contest me motive un peu moins que la falaise en fait. Je serai sûrement dans le coin pour la journée falaise avec Flo. Après la compétition ne me motive pas trop, mais je resterai pour les concerts du soir. On va se régaler, car c’est un pays que j’aime bien !
– Kairn : Parle-nous de l’open international de Sheffield, pour l’instant ta seule sortie en compétition de bloc cette année. Cela s’est plutôt bien passé ?
– Gérôme : J’ai suivi un peu les copains, on avait monté une équipe avec Jérôme Meyer, Loic Gaidioz et Maud Ansade. Le principe d’une compète par équipe me motivait bien, avec de la grimpe au Peak District derrière. J’y suis allé la fleur au fusil sans calculer, je ne savais même pas qu’il y avait un classement individuel, j’étais un peu largué. C’est bien, cela m’a libéré je pense. Du coup, cela me donne un peu de conduite pour cette année je pense… Peu de calculs, et faire un peu à ma sauce. Se faire plaisir et avoir envie, c’est cela le plus important ! Si on a envie de faire une compète, c’est primordial pour moi. Il y avait un gros contest de 30 blocs, une demi-finale type coupe du Monde et une finale à 3 blocs. Sans pression, cela s’est bien déroulé. C’était sympa de pouvoir regrimper avec le retraité Jérôme Meyer, je crois que lui aussi a apprécié, on a bien rigolé, un bon moment !
Gé s’impose à l’open international de Sheffield (crédit : Dominic Worrall / Uk Climbing)
– Kairn : Bon, et justement, comment tu vois la saison internationale à venir pour toi ?
– Gérôme : Ben c’est un peu le flou artistique vu que pour l’instant je n’ai pas ma place en équipe de France cette année. Tout va se jouer aux championnats de France. C’est un peu le jeu, l’an dernier je n’ai pas fait une très bonne saison, j’ai été un peu dedans, pas motivé,… Là je vais attaquer les championnats de France un peu comme à Sheffield et puis on verra bien. Ce n’est pas une priorité pour moi cette année. Si ça marche tant mieux, si ça marche pas, et bien je me suis entraîné et cela paiera. La falaise reste un objectif plus important pour moi. Les entraîneurs respectent mes choix, me comprennent, et c’est aussi cela le plus important. Au niveau des coupes du Monde, celle qui me tient le plus à cœur cette année c’est Vail (Colorado). J’ai bien envie d’y aller donc c’est pour cela que j’aimerai décrocher ma place aux championnats de France. Les autres étapes, si je ne suis pas pris, je ne pense pas que j’irai.
– Kairn : Tu as un projet de voyage après Vail j’imagine ?
– Gérôme : Ben peut-être, mais cela ne va pas être évident avec l’AS Grimper à gérer. Surtout que j’ai déjà fait pas mal de trip dernièrement avec l’Inde et la Turquie. On va aux USA en Octobre, à Smith rock avec l’équipe du CAF. Le mot d’ordre de cette année c’est vraiment se faire plaisir !
– Kairn : Justement sur l’Inde, qu’as-tu pensé du trip ?
– Gérôme : Je n’étais jamais allé là-bas, donc pour moi une découverte, et une croix supplémentaire sur le carnet. Je n’avais que deux semaines sur place, mais je me suis régalé ; Hampi et ses chaos de blocs à perte de vue est fabuleux, le rêve de tout grimpeur. Je suis arrivé de nuit, je me suis levé le matin et l’hallucination a été complète. Badami, de même, avec « Ganesh » une des plus belles lignes que j’ai réalisé dans ma vie de grimpeur, un site avec un potentiel énorme. On connait pas grand-chose de ce pays, et finalement il y a un potentiel impressionnant, une petite équipe locale de grimpeurs, et j’ai hâte de les retrouver ! L’envie me démange déjà d’y retourner !