Ueli Steck vers la traversée Everest-Lhotse sans oxygène

C’est un des vieux mythes de l’Himalaya. Un des « derniers problèmes » comme on dit dans le milieu. Enchaîner l’ascension du plus haut sommet du globe, l’Everest (8848m), et le quatrième, le Lhotse (8513m) séparés par le col sud, large faucille à près de 8000 mètres. Certes la grande traversée a déjà été réalisée avec oxygène en 2013 par le Britannique Kenton Cool. Mais en style alpin, pur, l’exploit reste à faire. En 1990, le français Marc Batard s’y étais risqué, en voulant bivouaquer sur le Toit du monde, d’où il devait redescendre fissa alors que son organisme commençait à geler.
Le Suisse Ueli Steck, l’homme des chronos et ascensions rapides dans les Alpes et l’Himalaya devait s’y essayer au printemps 2013 avec l’Italien Simone Moro. C’était sans compter un fait divers inédit, né d’un conflit d’usage sur la voie normale népalaise de l’Everest que le duo traversait alors que les Sherpas équipaient la trace en cordes fixes pour les expéditions commerciales. Les esprits s’étaient échauffés, Moro aurait insulté un sherpa, et l’expédition avait dû plier bagage après avoir failli être lynchée par les travailleurs d’altitude. « Depuis les choses se sont aplanies, le temps a fait son œuvre », nous confie Ueli Steck quatre ans après. Il s’envole samedi pour le Népal, où il devrait retrouver son ami sherpa Tendi avec qui il a déjà gravi l’Everest en 2012 par cette même voie normale. Son projet : entreprendre enfin ce grand voyage à 8000 en gravissant l’Everest par l’arête ouest, le couloir Hornbein, puis, une fois redescendu au col sud, atteindre le Lhotse par l’itinéraire emprunté par le Kazakh Denis Urubko. « Avec Tendi on a aussi gravi l’an passé le Cholatse ensemble. Il représente une nouvelle génération de sherpas qui aiment la montagne et ne la considèrent pas seulement comme un travail. Il est aspirant-guide. »

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