ADN antique : une étude révèle un secret fascinant sur l’origine génétique des Maghrébins

Une étude parue dans Nature (12 mars 2025) éclaire d’un jour nouveau la transition néolithique au Maghreb oriental. Elle montre une forte continuité locale des populations de Tunisie et d’Algérie orientale, malgré des apports limités de groupes venus d’Europe et du Levant.¹

Un héritage qui résiste aux vagues de migrations

Jusqu’ici, on pensait souvent que l’Afrique du Nord avait surtout « reçu » l’agriculture par l’arrivée de paysans européens et proche-orientaux. Les nouvelles données confirment bien une influence, mais modeste au Maghreb oriental : les individus analysés conservent majoritairement une ascendance maghrébine locale, à la différence du Maghreb occidental où certains sites néolithiques montrent jusqu’à ~80 % d’ascendance d’agriculteurs européens (ex. Kaf Taht el-Ghar, Maroc).²

Le saviez-vous ?
La culture capsienne (Tunisie–Algérie) est fameuse pour ses « escargotières » : de vastes amas de coquilles d’escargots terrestres et de cendres, témoignant d’un régime de chasse-cueillette original. (Voir sources.)

Des analyses d’ADN ancien montrent que les communautés du Maghreb ont préservé leur culture et leurs gènes, même en période de migration humaine.

Des traces maritimes à travers la Méditerranée

Résultat marquant : à Djebba (Tunisie), un individu daté d’environ 8 000 ans présente une ascendance de chasseurs-cueilleurs européens, indice de contacts maritimes précoces via le détroit de Sicile
Les indices matériels convergent : de l’obsidienne de Pantelleria (îlot italien) circule alors vers la Tunisie, attestant de véritables réseaux d’échanges au VIIIe millénaire av. n. è..⁴

Quand génétique et archéologie se rejoignent

Le croisement génétique–archéologie précise le tempo : au Maghreb oriental, de petites contributions d’ascendance d’agriculteurs européens sont détectées vers 7 000 ans BP, puis une composante levantine apparaît vers 6 800 ans BP — sans remplacement massif des populations.⁵

Un regard nouveau sur l’histoire méditerranéenne

Plutôt qu’un récit de substitution, l’histoire de l’agriculture au Maghreb oriental ressemble à un métissage discret d’échanges et d’adoptions techniques, dans un cadre de résilience culturelle et biologique. Plus largement, la paléogénétique renouvelle notre compréhension des dynamiques humaines passées, en combinant ADN ancien, datations et contextes matériels.

Notes de bas de pages

  1. High continuity of forager ancestry in the Neolithic period of the eastern MaghrebNature — https://reich.hms.harvard.edu/sites/reich.hms.harvard.edu/files/inline-files/2025_Nature_Lipson_EasternMaghreb_1.pdf
  2. High continuity… (détails sur Kaf Taht el-Ghar ~80 % agriculteurs européens)Nature — https://reich.hms.harvard.edu/sites/reich.hms.harvard.edu/files/inline-files/2025_Nature_Lipson_EasternMaghreb_1.pdf
  3. Ancient DNA shows Stone Age Europeans voyaged by sea to AfricaNature (News) — https://www.nature.com/articles/d41586-025-00764-2
  4. Obsidian de Pantelleria au Maghreb oriental (Tunisie)Quaternary International (résumé) — https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S2352409X22002164 ; Étude Hergla–Tunisie (obsidienne Pantelleria) — https://www.academia.edu/10843278/Obsidian_from_the_Epipalaeolithic_and_Neolithic_eastern_Maghreb_A_view_from_the_Hergla_context_Tunisia_
  5. High continuity… (apports fermiers ~7 000 BP & levantins ~6 800 BP)PubMed — https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/40074896/ ; Futura-Sciences (FR) — https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/archeologie-chasseurs-cueilleurs-age-pierre-domptaient-mer-partir-explorer-afrique-120604/

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