Compte rendu d’expé KHUITEN 2013 :

Cette expédition, c’est l’histoire de quatre amis d’enfance grenoblois, réunis autour d’une même passion : la montagne. En fin d’année 2012, autour d’un verre, on se raconte nos voyages, nos expériences. Les voyages en Asie centrale de Shams résonnent dans nos têtes, les images de contrées sauvages et inexplorées nous font rêver. On cherche des montagnes isolées sur Google-earth, on tombe sur la Mongolie, le plus haut sommet est le Khuiten, 4374m. On cherche des itinéraires pour y acceder, mais on ne trouve rien. C’est parfait, c’est assez perdu. Khuiten 2013 est née.

10 mois plus tard, c’est le départ. La préparation a été longue, entre la la recherche de sponsors, l’entrainement physique et la préparation du matériel. Faire rentrer autant de matériel de ski et d’alpinisme, de bivouac et de réparation de vélo dans les sacoches fut un des gros challenge lors de notre préparation. La solution fut de prendre que le stricte nécessaire, le confort ça sera pour un prochain voyage ! Mais ça y’est, on a trouvé le montage adéquat et on s’envole déjà tous les 4 vers Novossibirsk, capitale de la Sibérie.


L’arrivée est quelque peu troublante (sans compter les atterrissages plutôt musclés des pilotes de la Turkish Airlines). La ville est peu accueillante et reflète fidèlement son passé soviétique, beaucoup de gris et de béton. Mais a notre grand bohneur les sibériennes redonne de la couleur au paysage. À peine le temps de rassembler les dernières préparatif et de faire un check technique sur les vélos quenous partons pour la frontière mongole. Se seront d’abord 400 kmen train, puis 150km de bus, et finalement 450km en voiture privée. Le trajet fut long mais déjà, la vue des premiers reliefs de l’Altaï nous émerveille.


Notre expédition commence réellement à quelques 40km avant la frontière Mongole. Nous mettrons 2 jours et 160km pour rejoindre Olgii, la capitale de l’aymag du Bayan-Olgii, région montagneuse et terre Kazakh de l’extrême ouest de la Mongolie. Puis, après une journée consacrée à l’obtention des permis nécessaires pour rejoindre les montagnes faisant frontière avec la Chine et la Russie, 5 jours de lutte acharnée contre les pistes sableuses et caillouteusesnous serons nécessaires pour rejoindre le pied du massiftant espéré : le parc national du Tavan Bogd. Nous nous rendons compte durant le trajet que la découverte du peuple Kazakhs fait partie intégrante de l’expédition, en effet, chaque yourte croisée nous accueille à bras ouvert pour siroter une tasse de Chai brulant accompagné de différent fromages et beignets. Tous sont très surpris de nous voir arriver dans leur vallée à vélo et tous ont le même regard perplexe quand ils comprennent que nous allons skier le Khuiten. Une curieuse surprise nous attend au post pre-frontalier, nous ne disposons apparemment pas du permis nécessaire et l’absence de guide les troubles. Coup dur après 5 jours d’effort ! Heureusement, après 1h de négociation, le problème est résolu et nous passons. Un Australien croisé plus tôt nous avait dit : en Mongolie ‘everything is possible’. Il nous faudra encore arracher 14km à la montagne pour rallier le camp de base à 3100m. À l’arrivé, les yeux effarés d’un vieux horse-man nous confirme que nous devons être les premiers cyclistes à nous rendre à cette endroit, de cette façon. Depuis la frontière Russe, 7 jours de vélo et 356 km de piste aurons était nécessaires pour rejoindre le tant espéré camp de base du mont Khuiten.


Le temps est clément et nous pouvons monter dès le lendemain au camp avancé à 3750m. Cependant, à larrivé, une tempête de neige et de vent nous contraint de fixer la tente à l’aide de corps mort en plus d’un mur de neige pour nous protéger du vent. Le froid est intense, et la nuit promet d’être très éprouvante. Finalement le beau temps reviens aussi vite qu’il est partit, et on a le privilège de contempler notre objectif du lendemain au coucher de soleil. Un grand moment de montagne.


Le réveil à 4h30 est frigorifique. C’est à ski que l’on part en direction de l’accomplissement de notre projet. Quelques heures nous sont nécessaires pour atteindre le toit de la Mongolie. Le jeu incessant des nuages nous privent d’une vue complètement dégagée, mais quelques discrets éclaircis nous permettent d’admirer l’Altaï au-delà des frontières Chinoise et Russe. La tempête de la veille ayant déposé quelques centimètres de poudreuse nous assurent une descente très agréable. Tellement même, que l’on enchaine ensuite avec le mont Naraimdal (4180m), sommet ou se réunissent les frontières Chinoise, Russe et Mongole. Le retour par la moraine au camp de base, sous la pluie, ne nous découragent pas, et le lendemain nous enchainons le troisième sommet de 4000m du massif. Le Malchin à 4037m, depuis lequel nous profiterons d’une vue sur le glacier Potamine et le massif tout entier à couper le souffle.

Le retour à Olgii sera peut-être la partie la plus difficile moralement. Le départ du camp de base s’est fait après une nuit glacée où sont tombé 15cm de neige. Nous subissons ensuite des averses durant deux jours, sans jamais vraiment sécher. Les marécages et les traversées de torrents glacés nous acheves, et c’est éreinté que nous finissons cette partie d’expé à Olgii.

Les batteries rechargées et les jambes reposés nous repartons à vélo pour un deuxième massif, celui du Tsambagarov, à 100km au sud-est d’Olgii. Nous commençons par nous perdre des heures durant dans un marécage de cailloux, où les millions de moustiques nous font comprendre qu’ici, ce n’est pas le territoire des hommes. Erreur résolu, nous voilà sur une piste. 3 cols plus loin nous coulons vers une vallée parsemés de petits points blancs. La Mongolie, ses steppes, ses yourtes et ses troupeaux, sont là, juste sous nos yeux, à portée de pédale. Cette nuit là, nous plantons notre tente dans le ‘jardin’ d’un ‘eagle hunter’, un Kazakh propriétaire de 3 aigles utilisés pour la chasse, Nous en apprenons beaucoup sur la vie des nomades, ainsi que sur leur grande hospitalité. Le lendemain nous pédalons les 30km restant pour arriver au pied de la montagne et nous laissons les vélos sous l’œil bienveillant d’une famille Kazakh, nous commençons alors une approche de 10km à pied, pour finalement monter le camp non loin du glacier. Le réveil sous un ciel étoilé comme rarement on en voit dans une vie est un moment unique. Tout comme le lever de soleil sur cette longue langue du glacier qui descend sur notre gauche. Le sommet est atteint sans difficulté majeure, après 1400m de dénivelé, et la descente est superbe, avec une neige transfo très agréable à skier.


Nous bouclons notre expédition vélo/ski à Olgii, après avoir parcouru plus de 800km, dont 90% de piste, et gravi 4 sommets de plus de 4000m. Mais le plus important pour nous reste de l’avoir fait au plus proche de la population, en dormant parfois sous la yourte, en partageant nos repas avec les locaux que nous croisions, à passer 1h pour comprendre l’itinéraire proposer par ce vielle autochtones, en Russe, en Mongole, parfois en Kazakh, parfois juste avec les mains… à vivre ce voyage de l’intérieur en quelque sorte.


Pour nos 3 derniers jours nous nous offrons un moment de répit qui se transforma en rude bataille avec la steppe. Accompagné de Tolgtor, notre driver, 6h de Marouchka nous sont nécessaires pour rejoindre une vallée du mont Kharkhiraa, dernier massif dépassant les 4000 dans la région. Nous somme contraint de nous arrêter plusieurs kilomètre avant le pied du sommet à cause d’une piste devenant complètement impraticable. Le lendemain nous réalisons en style alpin une arrête esthétique se finissant sur un dôme de neige sans nom à 3701m. L’absence totale de présence humaine à des kilomètres à la ronde nous confirme que l’on a tout de même trouvé ce que l’on été venu chercher : l’aventure et la liberté. Contraint de battre en retraite à cause du mauvais temps nous descendons par une face en neige/glace qui nous ramène au camp après quelques kilomètres sous la pluie. Ouvrir un sommet fut une belle façon de finir ce voyage au pays du léopard des neiges.


Le retour à la civilisation fut comme tous les retours, un peu triste. Un vieil ami népalais disait : ‘partir c’est mourir un peu, car on laisse toujours une partie de son cœur’.

Nous rentrons avec la certitude qu’il reste beaucoup de sommets inexplorés, de nouvelles voies à ouvrir, de gens à rencontrer. Et surtout il nous reste beaucoup à apprendre.


De retour en France… On pense déjà à repartir.

Nous tenons à remercier Millet et ses partenaires, ainsi que le reste de nos sponsors, qui ont rendu possible cette expédition. De même pour nos famille et amis qui nous ont soutenus et surtout nous ont écouté parler de la Mongolie durant un an.

Plus de photos sur https://www.facebook.com/Khuiten2013

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