On aime à dire que l’amour n’a pas d’âge… mais la science, elle, nuance cet adage. Plusieurs recherches montrent qu’un écart d’âge trop important pourrait peser sur la stabilité du couple.
Plus l’écart est grand, plus le couple est fragile
Des économistes d’Emory University (Atlanta) ont interrogé 3 151 personnes déjà mariées aux États-Unis et analysé, via un modèle de Cox, le lien entre écart d’âge et probabilité de divorce : dans le sous-échantillon des mariages récents, chaque année d’écart est associée à ≈ +3 à +4 % de risque relatif de divorce (association, pas causalité).¹
Leur conclusion : plus la différence d’âge augmente, plus le risque de séparation s’accroît (toutes choses égales par ailleurs).¹
Les chiffres (ordre de grandeur, sous-échantillon des unions récentes) :
• +5 ans d’écart → ≈ +18 % de risque relatif de divorce vs couple du même âge.¹
• +10 ans d’écart → ≈ +39 %.¹
• +20 ans d’écart → ≈ +95 %.¹
(Ces pourcentages expriment un sur-risque relatif issu d’un modèle statistique, pas une probabilité « absolue » de divorcer.)
Le saviez-vous ? En France, la plupart des couples ont un écart modéré : en 2012, 10,8 % des couples avaient exactement le même âge, 12,1 % un homme +1 an, 11,8 % un homme +2 ans. Cela donne un repère concret sur ce que « petit écart » veut dire au quotidien. ²
L’écart « idéal » selon la science
D’après la même étude, la référence la plus favorable reste un couple d’âges très proches (écart ≈ 0). Un écart d’1 an est associé à ≈ +3 % de risque relatif de divorce par rapport à deux partenaires du même âge — et non à un « risque de 3 % » au total.¹
Ce résultat s’explique assez logiquement : des partenaires cohérents en âge traversent souvent des étapes de vie similaires au même moment (projets, santé, horizon pro), ce qui facilite l’alignement.
Pourquoi un âge proche facilite la relation
Partage d’expériences, références culturelles communes, rythme de vie comparable… un âge similaire augmente les chances d’objectifs convergents. À l’inverse, un grand écart peut créer des décalages de priorités sur la durée.
À noter : d’autres travaux (panel australien HILDA) suggèrent que, quand l’écart est important, la satisfaction conjugale a tendance à décliner plus vite dans les 6–10 ans suivant le mariage, par rapport à des couples d’âge similaire. Cela appuie l’idée d’un défi supplémentaire pour les unions très « désappariées » en âge.³
Cela ne signifie pas qu’un couple à fort écart est voué à l’échec : simplement qu’il devra souvent communiquer davantage, s’ajuster et anticiper ces décalages.
Notes de bas de page (sources)
- « A Diamond is Forever and Other Fairy Tales: The Relationship between Wedding Expenses and Marriage Duration » (Economic Inquiry, 2015) – tableau 3, sous-échantillon mariages récents : age difference (in years) HR ≈ 1,034 — https://www.csus.edu/faculty/m/fred.molitor/docs/wedding%20expenses%20and%20marriage%20duration.pdf California State University, Sacramento
- INSEE – « Les différences d’âge au sein des couples en France » (répartition par écart d’âge, 2012) — https://www.insee.fr/fr/statistiques/2121591 Insee
- « The Marital Satisfaction of Differently Aged Couples » (Journal of Population Economics, 2018/2019) – panel australien HILDA — https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31598035/ PubMed