Droit de réponse du Parc National des Pyrénées

A la suite d’un article de Louis Dollo paru dans Tarbes-Infos
et dont nous avions repris le lien dans nos News du 23 décembre 2011, le Parc National des Pyrénées
nous prie de bien vouloir diffuser le droit de réponse ci-dessous.

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Le président du Parc national des
Pyrénées, le président de la commission d’indemnisation des dégâts d’ours du
Parc national des Pyrénées et le directeur du Parc national des Pyrénées
tiennent à réagir avec vigueur aux propos fallacieux et infamants tenus par Louis
Dollo dans son article du 23 décembre paru sur Kairn.com. Cet article met en
cause les gardes du Parc national, le fonctionnement de la commission d’indemnisation
des dégâts d’ours et, personnellement, certains membres de cette commission.
Les propos tenus sont inacceptables, les faits approximatifs, les
interprétations orientées et les analyses entachées d’un manque d’objectivité
flagrant.

 

La réalité des faits

 

Le lundi 18 septembre au soir,
Bertrand Domengeus contacte les gardes du secteur d’Aspe car il soupçonne un
incident important sur son troupeau qui est éparpillé avec des bêtes blessées.
Ces derniers montent sur l’estive le mardi matin et passe la journée avec le
berger à chercher les brebis concernées. Huit constats sur bêtes blessées ou
mortes seront réalisés. Le sol est partiellement couvert de neige, ce qui
facilite la recherche d’empreintes.

A la descente de l’estive, les
gardes reçoivent un appel du berger de l’estive voisine. Il a trouvé une
trentaine de bêtes de M. Domengeus au pied d’une barre rocheuse, mortes pour la
plupart, sur son estive. Le mercredi, les gardes remontent donc constater les
faits sur place, en compagnie des bergers. Ils remonteront à nouveau le jeudi
compléter les observations avec les dernières bêtes retrouvées disséminées
entre la falaise et la cabane de M. Domengeus.

Au final, il s’agit bien de 58
brebis mortes et 51 blessées pour les évènements du Moundaut. L’ensemble de ces brebis ont été examinées
ou autopsiées, une à une, en présence du berger. La chronologie est néanmoins
un peu plus complexe que voudrait le faire croire Louis. Dollo et l’implication
des agents du parc national est forte quand à la recherche des victimes
.

Situées à près de 5 kilomètres à vol
d’oiseau des dernières empreintes d’ours, les carcasses ne semblent pas présenter
de traces de prédation. Quelques éléments interpellent tout de même les agents,
qui sollicitent de ce fait les conseils de vétérinaires. Il ressort qu’une
trace de morsure provient d’un petit chien, et que les marques observées sur la
peau sont dues au substrat rocheux, particulièrement coupant sur le secteur. En
l’absence complète d’éléments plaidant pour une prédation, les gardes concluent
le rapport par une cause de la mort indéterminée. Le dossier est de ce fait
transmis à la Commission
d’indemnisation des dégâts d’ours.

Il s’agit de la procédure normale
des dossiers indéterminés puisque la commission d’indemnisation des dégâts
d’ours est seule compétente pour les traiter.

 

 

Les gardes mis en cause par Louis Dollo

 

Le Parc national des Pyrénées a
compétence pour indemniser les dégâts d’ours sur son territoire et, pour ce
faire, ses agents réalisent des constats et non des expertises comme le laisse
entendre Louis Dollo. Considérer que les
agents du Parc national des Pyrénées n’ont pas les compétences pour assurer les
constats de dégâts d’ours est tout simplement mensonger.
Les gardes ont
tous suivi des formations rigoureuses leur permettant de mener à bien ces
constats : techniques d’autopsie, description des blessures, en
particulier celles dues à l’ours, recherche et identification des indices
d’ours… Il est par conséquent faux
d’affirmer que tout un chacun est capable de réaliser ces constats.
Par
ailleurs le secteur d’Aspe est un secteur régulièrement concerné par les
attaques d’ours et, loin d’être théorique, la formation est mise en application
chaque année sur le terrain, certains des gardes ayant plus de dix années de
pratique. Il faut ajouter que sur le constat incriminé, compte tenu du nombre
de brebis concernées par le dérochement, cinq gardes étaient présents, trois
jours durant. Des analyses complémentaires ont été sollicitées, des visites sur
l’ensemble des estives voisines organisées, afin de disposer du maximum
d’éléments permettant la résolution du dossier. Contrairement à ce qu’affirme Louis Dollo, le constat a été remis au
berger, comme l’ensemble des constats réalisés en 2011.
Au final, ni le
berger, présent lors du constat, ni les éleveurs n’ont contesté la qualité du
travail. Bien au contraire, ce dernier a été unanimement salué, y compris par
la profession agricole, sauf par Louis Dollo, qui n’était pas là ces jours là
pour juger.

 

 

La Commission d’indemnisation des dégâts
d’ours mise en cause…

 

Les personnes incriminées par Louis
Dollo sont issues et désignées par le conseil d’administration du Parc national
des Pyrénées de façon tout à fait démocratique. Chacune de ces personnes est reconnue
et respectée, chacune dispose de compétences variées, et c’est cette diversité
qui fait la richesse des analyses, des échanges et la pertinence des positions.
Mettre en avant, comme le fait Louis Dollo, que ces personnes ne seraient pas
compétentes parce qu’elles ne sont pas éleveurs (sauf un des membres) est
stupéfiant ! Il faut peut-être, pour mieux comprendre, expliquer comment
fonctionne une commission d’indemnisation des dégâts d’ours.

Remettre en cause la probité des personnes qui constituent la
commission d’indemnisation des dégâts d’ours du Parc national des Pyrénées est
outrageant !

 

Les réunions de la commission
d’indemnisation des dégâts d’ours se déroulent en deux phases. La première
comprend les cinq membres de la CIDO et diverses personnes invitées. Ces
invités sont présents pour nourrir la commission de leurs analyses des cas
examinés. Ainsi, ils représentent le monde agricole et pastoral (Chambres
d’agriculture, Centre départemental de l’élevage ovin d’Ordiarp, Association
des éleveurs transhumants des 3 vallées…), le territoire (Institution
patrimoniale du Haut-Béarn) et l’administration (Préfectures, Directions
départementales des territoires, Direction régionale de l’environnement, de
l’aménagement et du logement, Office national de la chasse et de la faune
sauvage…). Les dossiers incertains sont alors présentés à l’ensemble des
personnes présentes par l’agent constatateur, qui répond aux questions de
l’assistance.

Une fois l’ensemble des dossiers
présentés, les personnes invitées se retirent, et seuls les membres stricto sensu de la commission délibèrent
alors sur chaque dossier, L’objet de la commission n’est pas de définir ce qui
s’est passé mais bien de décider, ou non, de l’indemnisation des pertes au
titre de l’ours.

La collégialité est un élément
important de la CIDO.
Chacun
de ses membres est issu du territoire, connaît la
montagne et s’est investi, à sa manière, dans la vie publique des vallées. Il
ne leur est pas demandé d’être éleveur ou berger, mais d’écouter l’ensemble des
éléments et des avis, puis, en leur âme et conscience, de statuer
collectivement sur les dossiers. Leur légitimité provient de leur rôle de
maire, de conseiller général ou de représentant de la société civile ;
elle est le fruit de la
démocratie. La
mise en cause par Louis Dollo de cette
légitimité est pour le moins surprenante…

 

 

… ou bien ses membres

 

Louis Dollo fait tenir des propos à Mr Aubry qui sont
inexacts. Voilà ce que dit Mr Aubry en
réaction :

«  J’ai bien
rencontré Louis Dollo il y a deux hivers à Cauterets. Nous avons effectivement
échangé sur l’ours (celui du Lisey , et les dégâts subis par un éleveur Cauterésien
l’été précédent… (dégâts indemnisés par la CIDO à l’époque! ). Je lui ai dit que les
éleveurs n’étaient plus légion à Cauterets, que l’enjeu y était moins marqué
que dans certaines autres vallées. Sortie de son contexte, cette prétendue
citation semble indiquer que ‘je me fiche’ de ce qui se passe à la CIDO… Ce point me
semble bien diffamatoire, tout comme le fait que je suis coutumier de la
contestation … alors que je n’ai jamais eu affaire à Louis Dollo ! »

 

Une lecture des textes de loi toute personnelle

 

Louis Dollo fait référence au
code rural (article L113-1). Cependant il a une interprétation très personnelle
de ce texte qui ne correspond nullement à la réalité.

En effet, Louis Dollo indique que
ce texte de loi « impose » à l’Etat « d’assurer la pérennité des
exploitations agricoles et le maintien du pastoralisme, en particulier en
protégeant les troupeaux des attaques du loup et de l’ours dans les territoires
exposés à ce risque ». Or, cet article stipule en fait que « le
Gouvernement (…) s’attache à assurer
la pérennité des exploitations agricoles et le maintien du pastoralisme, en
particulier en protégeant les troupeaux des attaques du loup et de l’ours dans
les territoires exposés à ce risque ». Cela s’est traduit, depuis des
décennies, par le soutien au pastoralisme (héliportages, liaisons radio, etc…),
par le financement jusqu’à 100% des moyens de protection contre les prédations
(gardiennage, chiens, clôtures…) ou encore par l’indemnisation des dégâts de
grands prédateurs. Louis Dollo songerait-il à nier cet état de fait tout en
exigeant, dans le même temps, l’indemnisation ? Drôle de contradiction…

 

Le réexamen du dossier en CIDO, et les
conclusions qu’en tire Louis Dollo…

 

Tout constat de dégât d’ours peut faire l’objet d’un
recours du propriétaire ou du berger, si ceux-ci ne sont pas d’accord avec la
conclusion apportée par les gardes ou la CIDO. Depuis la
création du Parc national des Pyrénées, tous les recours déposés par les
éleveurs devant la CIDO
ont été examinés. Le cas du Moundaut ne fait pas exception à la règle. C‘est donc de
façon tout à fait normale que le dossier a été examiné à nouveau, à la demande
des bergers et propriétaires, lors de la CIDO du 20 décembre. Les éléments du constat ont
été à nouveau exposés aux cinq membres de la CIDO et aux invités présents. Les soutiens aux
éleveurs ont été versés au dossier, le tout dans une ambiance beaucoup moins
dogmatique que ne le note Louis Dollo. Fort de tous ces éléments, la commission
a délibéré, comme indiqué dans le communiqué de presse qui l’a suivie.

 

De cette délibération, Louis Dollo tire des conclusions
pour le moins surprenantes : glorification de la pression en tant que « lobbying (…) salutaire dans un
système démocratique »
, éléments incomplets apportés par des gardes « dogmatiques », disparition
de « l’inconscience de la commission
d’octobre »
… Autant d’assertions sans argument mais à l’indélicatesse
consommée.

 

L’amalgame avec la charte du parc national

 

Faire l’amalgame entre la commission d’indemnisation des
dégâts d’ours et les éventuelles commissions qui pourraient être constituées en
application de la charte du Parc national est tout aussi tendancieux. Cela manque
d’objectivité et ne correspond à aucune réalité. Plutôt que de plaider à charge
un journaliste n’est-il pas censé relater des faits avérés et vérifiés ? Contrairement
à ce qu’affirme l’article, un fonctionnaire n’est pas un militant. C’est un
fonctionnaire avant tout qui agit en fonction des directives qui lui sont
données. Chacun appréciera où est le militantisme.

Pour conclure son propos, Louis Dollo en appelle à la
vigilance du territoire, et en particulier à celle des éleveurs, dans le parc
national et à plus forte raison dans son cœur. Pourtant, le Parc national des
Pyrénées soutient depuis sa création le pastoralisme. Il n’a cessé de renforcer
sa politique en la
matière. Pour
exemple, depuis 2006, plus de 800 000
€ d’aides aux projets agricoles et pastoraux (cabanes, aménagements pastoraux,
mécanisation…), montant auquel il convient d’ajouter 1 000 000 € en
mesures agri-environnementales territorialisées
, apportés grâce à
l’investissement important du parc national. Est-ce de ce bilan du soutien du
parc national au secteur agropastoral dont  Louis Dollo se plaint ?

 

 

Il est facile, par la
manipulation des mots et des idées, de modifier les faits et les dires et comme
le conclut  Louis Dollo dans son article « voila qui nous promet un bel avenir … ».

 

 

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