Il ya 50 ans : la tragédie du Freney

De son lit d’hôpital, celui qui n’était pas encore ministre se morfond ce 17 juillet 1961. Meurtri dans sa chair gelée, comptant ses bleus à l’âme, Pierre Mazeaud ne peut se résoudre à abandonner l’alpinisme. « C’est la moitié de moi-même. » Avec Walter Bonatti, le plus grand alpiniste de l’époque, autre rescapé, la veille, du drame du Frêney, il espère une chose : que ce pilier maudit reste invaincu en éternel hommage aux quatre amis disparus. Las, un mois plus tard une véritable foire d’empoigne entre Français et Britanniques défloreront ce qui à l’époque constitue le grand problème des Alpes : le dernier verrou dans la conquête du mont Blanc, ce monolithe de 700 m dressé vers le ciel comme une cathédrale.

Le 8 juillet 1961, quatre jeunes Parisiens étaient partis pleins d’allégresse vers ce pilier central du Frêney. Pierre Mazeaud, professeur de droit, rompu au rocher des Dolomites, mène l’équipe, composée de Pierre Kohlmann, meilleur grimpeur de Fontainebleau, l’aspirant-guide Robert Guillaume et son compagnon Antoine Vieille. Dans la longue approche, les Français font alliance avec Walter Bonatti, de retour des Andes, accompagné du guide valdôtain Oggioni et de l’ingénieur Gallieni.

Dernier problème des Alpes

L’entente franco-italienne se trouve à 80 m du sommet du pilier, à 200 m à peine du toit de l’Europe, lorsque l’orage va fondre sur eux nouant une tragédie qui durera cinq jours et cinq nuits. Au dernier bivouac au milieu de la chandelle, passage clé, malgré les nuages noirs ils ne veulent lâcher prise. « Secrète espérance de nos cœurs… Sortir au sommet après la tourmente indescriptible », écrira Mazeaud. Quand on a à ses côtés Bonatti, le guide qui a bravé le K2, on se sent invulnérable. Le ciel gronde.

« Sonnent les premières heures d’un des plus grands drames de l’histoire de l’alpinisme. Dans toute son horreur. Le tonnerre faisait un roulement continu et chaque fois qu’il fallait planter un piton nous étions secoués par une décharge électrique. »

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