Les ‘voyageurs’ qui s’assuraient les services d’un guide étaient dans la grande majorité des cas satisfaits, souvent même admiratifs. Ils écrivaient quelques lignes élogieuses sur le ‘carnet’ personnel de leur guide qui les conservait avec fierté, et pouvait, à l’occasion les montrer à titre de recommandation.
Parfois, les choses ne se passaient pas de façon aussi idyllique… Clients grincheux, exigeants, pingres… guides mal lunés, incompétents, indélicats… Les litiges se traitaient au bureau des guides, sous l’autorité du guide-chef. Ils faisaient généralement l’objet d’une plainte consignée sur un registre spécialement prévu à cet effet. Le lecture de ce registre est intéressante à plus d’un titre. D’abord elle montre que les plaintes n’étaient au fond pas tellement nombreuses – une centaine entre 1862 et 1913, soit une moyenne de deux par saison. Ensuite, elle permet de savoir ce qui amenait les ‘voyageurs’ à protester, parfois avec véhémence : les discussions sur les tarifs, l’indocilité de certains mulets, la mauvaise qualité de leur harnachement, la surdité de certains guides, leurs ‘mauvaises manières’ et… leur abus des boissons alcoolisées. Plus de la moitié des plaintes font état de guides saouls, incapables de reconnaitre leur chemin, parfois même de tenir debout !