La chronique de JPB : Du délire cosmique et de quelques autres immensités

Le constat est irréfutable : les Américains ne sont pas gros.


En fait, les Américains sont gigantesques. Immenses. Énormes.


Ils sont magnifiquement obèses!


Sur la plage de Cocoa Beach, en Floride, un Inuit de passage se serait précipité sur son harpon à la vue de ces troupeaux de morses.


Pour tout dire, les États-Unis on un sérieux problème de poids.


Les assiettes y sont pour quelque chose.


 


Ce qui n’enlève rien à la grandeur de la nation américaine qui a la faculté de se remettre en question en permanence.


Face à un problème, elle relève ses manches et prend les moyens pour trouver une solution dans les plus courts délais.


Les Américains ont un sens aigu de l’autocritique ce qui n’est pas apprécié à sa juste valeur par les Européens.


Ils ont aussi sens aigu de la démocratie et ils savent que chacun, s’il y met du sien, peut atteindre les plus grands honneurs.  


Ronald Reagan était un acteur de films de série B.


Jesse Ventura, le gouverneur du Minnesota, était lutteur professionnel.


Sonny Bono, membre du Congrès, était l’époux de Cher et chanteur professionnel.


Même un immigrant de souche peut y faire sa marque : qui est le gouverneur de la Californie? Un immigrant autrichien culturiste puis acteur de cinéma!


 


J’ai beaucoup de respect pour les Américains en général. Vous allez me parler de la politique mais est-elle si différente de ce qui se fait en France?


Au moins, à Washington, elle est relativement transparente…


 


Mais je divague!


Car, oui, ce sont les vagues qui m’ont attirées à Cocoa Beach.


Cocoa Beach est la Rome du surf sur la Cote Est. Ne cherchez pas de falaises : tout l’État n’est qu’un gros banc de sable habité par des alligators et des serpents mocassins dont le venin est mortel.


Sur trois kilomètres, Gère Mène et le Bizarre ont compté 11 – onze – alligators au bord de la route. Ils ont cessé de compter après. L’État conseille de ne pas sortir de sa voiture en cas de panne et de ne pas s’aventurer dans les marécages. Si jamais j’ai à me débarrasser d’un cadavre, je saurai où aller le jeter.


 


Et malheureusement les vagues étaient petites lors de mon séjour. Je surfe avec un planche qui fait la moitié de la longueur du Titanic mais j’ai souvent un sort identique à celui du célèbre navire. Je me console en me répétant que je suis un privilégié et qu’à mon âge, la majorité des bonhommes font partis du troupeau qui se vautre sur la plage en attendant l’Inuit de service. Et pour me consoler, des dauphins, maraudant leur souper, sont un soir venus jouer entre les planches de surf.


 


Même pas de SAE à Cocoa Beach …


 


 


 


Le clou de ma semaine de vacances, et bien ce fut les deux journées passées au Kennedy Space Center.


La NASA.


 


Si vous avez la chance, une fois dans votre vie, d’aller visiter, prenez le tour complet!


Il y a tellement à voir que deux jours n’y suffisent pas. On va devoir y retourner.


 


Pour tout dire, je connais – ou je croyais connaître -, les jalons de la conquête de l’espace.


Évidemment, je ne connais rien. Rien de plus incertain que la connaissance : dès qu’on croit savoir quelque chose, une énormité nous arrive en plein visage et nous guérit de cette présomption.


Donc j’ai beaucoup appris. Je suis resté sidéré par la bravoure des premiers hommes qui se sont assis dans ces cercueils, au bout du plus gros bâton d’explosifs sur la planète, et qui ont été propulsés vers l’inconnu. Je me suis assis dans une capsule Gemini puis dans une capsule Mercury. Des cercueils… et même pas de capitonnage.


 


Car c’était vraiment l’inconnu!


En alpinisme, on sait qu’il est possible de descendre. Même les premiers ascensionnistes savaient qu’il était possible d’atteindre d’assez grandes altitudes : les chasseurs et cristalliers y allaient déjà. J’ai toujours soupçonné que les récits de la première époque étaient écrits plus pour impressionner les crédules que pour éclairer les Lumières. Que les douzaines de bouteilles et les jambons entiers portés par les guides ne servaient non à assouvir la faim mais pour créer une atmosphère de party permettant un palier de décompression hors des obligations sociales figées de l’époque.


Pas de vin et de spiritueux dans une capsule Gemini. Et quand le compte à rebours est lancé, tu ne descends pas non plus.


 


Et vous savez quoi?


J’ai revu à la NASA le clip de 1962 montrant le président Kennedy annonçant que son pays allait envoyer des astronautes sur la Lune avant la fin de la décennie.


Quelle audace! Quel pari magnifique! Quel beau risque!


De la même trempe que l’annonce qu’a fait paraître Shackleton pour engager son équipage :

MEN WANTED FOR HAZARDOUS JOURNEY. SMALL WAGES,  BITTER COLD, LONG MONTHS OF COMPLETE
DARKNESS,
CONSTANT DANGER, SAFE RETURN DOUBTFUL. HONOR AND RECOGNITION IN CASE OF SUCCESS.’

 
C’est cela, l’Amérique…
Le pays de toutes les opportunités. Le pays de toutes les audaces.
Pas étonnant que tous les immigrants de la planète désirent suivre ‘’The Yellow Brick Road ».

L’alpinisme et l’escalade peuvent-elles encore offrir de tels défis? Sans aucun doute au niveau personnel. Mais la grande
époque des conquêtes et des découvertes est derrière nous et ne reviendra plus durant notre ère géologique. Et même
au point de vue personnel … je lisais que, plus loin que The Seven Summits ou que les 14 x 8000m, et bien on
découvrirait maintenant l’attraction des 50 plus hauts sommets. Quel défi artificiel ! Perte de temps magistrale! Il y a
tellement de belles montagnes sur Terre, tellement de belles falaises qu’on ne peut imaginer la raison de construire
une carrière basée sur des conventions montées en épingle par quelques médias. Les alpinistes et grimpeurs ne sont
pas supposés être des individus indépendants, des libres-penseurs? A moins que la pensée devienne de moins en moins
libre à respirer l’air des SAE et à rêver aux Olympiques…J’aime l’idée de faire les plus belles lignes et non pas les plus
difficiles. Remarquez que j’admire Adam Ondra qui grimpe Golpe de Estado, 9b. Mais la somme de toutes ses voies
égale-t-elle la somme de plaisir (le souverain bien ) apportée par une accumulation de belles voies faciles, celles qu’on
voudrait qu’elles ne finissent jamais Oui, on a perdu l’esprit de découverte mais on a gagné le GPS. Mais les rêves ne
survivent pas à la froide réalité du GPS et du cellulaire. Pour rester humain, il faut un sommet vierge, un continent vide
ou l’exiguïté d’une capsule Gemini alors que le compte à rebours défile : 10-9-8-7-6-5… 
Les Américains vont rapidement trouver une solution à leur problème d’obésité.
Trouverons-nous un jour une solution à notre vide existentiel?

 

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