L’astéroïde 2024 YR4 épargne la Terre mais vise la Lune

Quand un caillou céleste de la taille d’une maison déclenche la première alerte de l’International Asteroid Warning Network (IAWN)¹, on comprend que l’espace n’est jamais vraiment silencieux.

Une mobilisation scientifique mondiale

Découvert le 27 décembre 2024 par le réseau ATLAS au Chili¹, 2024 YR4 a mis le feu aux poudres le 29 janvier 2025 : pour la première fois, l’IAWN lançait une alerte officielle face à une probabilité d’impact initiale de 1,3 % (échelle de Turin 3)². Des observatoires du monde entier ont alors braqué leurs télescopes pour affiner la trajectoire de cet astéroïde.

L’ombre d’une collision, puis un soulagement

En février, cette probabilité d’impact a même frôlé les **3,1 %**³ – un record pour un tel objet. Mais, grâce aux observations supplémentaires, le risque terrestre est désormais inférieur à **0,001 %**⁴. Ouf : la Terre peut souffler, au moins pour l’instant.

Une menace pour la Lune et les infrastructures spatiales

Si la Terre est hors de danger, la Lune reste dans le viseur : les dernières données du James Webb Space Telescope ont en effet affiné la taille de 2024 YR4 (46–74 m) et corrigé la trajectoire, faisant passer la probabilité d’impact lunaire de 3,8 % à **4,3 %**⁵. Un tel choc pourrait projeter des débris lunaires à grande vitesse, menaçant satellites et futures bases habitées.

Observer en lumière infrarouge : un changement de perspective

Le James Webb Space Telescope, seul capable de mesurer le rayonnement infrarouge d’un objet de 50 m, a joué un rôle décisif : le 26 mars 2025, ses données thermiques ont réduit l’incertitude sur la taille et la densité de l’astéroïde. Ces informations sont cruciales pour estimer l’énergie libérée en cas de collision.

Des moyens efficaces et une réactivité exemplaire

Aux côtés du Webb, le télescope nordique optique (NOT) de La Palma et d’autres instruments ont fourni des observations complémentaires, illustrant l’importance d’une surveillance astronomique réactive. Les équipes combinent désormais modélisation numérique, études de rotation et cartographie d’orbites pour ne plus jamais être pris au dépourvu.

Une coordination scientifique et étatique

En Finlande, l’Institut national de cartographie prépare la création d’un Centre national de connaissance de la situation spatiale, qui coordonnera la lutte contre les astéroïdes, la météo spatiale et le suivi des débris orbitaux. Comme l’explique la chercheuse Anne Virkki, cette synergie entre universités, ESA, NASA et services gouvernementaux rend la défense planétaire plus robuste que jamais.

Notes de bas de page

  1. NASA JPL CNEOS, « 2024 YR4 Overview », Science @ NASA, 7 février 2025 ; https://science.nasa.gov/solar-system/asteroids/2024-yr4/
  2. EarthSky, « Asteroid 2024 YR4 odds of hitting Earth torino scale 3 », publié le 23 février 2025 ; https://earthsky.org/space/asteroid-2024-yr4-odds-hit-earth-torino-scale-2032/
  3. Wikipédia, « 2024 YR4 », consulté le 28 juin 2025 ; https://fr.wikipedia.org/wiki/2024_YR4
  4. CNEOS Sentry, JPL, « 2024 YR4 Impact Probability Update », 3 avril 2025 ; https://cneos.jpl.nasa.gov/news/news210.html
  5. NASA Planetary Defense, « NASA’s Webb Observations Update Asteroid 2024 YR4’s Lunar Impact Odds », 5 juin 2025 ; https://science.nasa.gov/blogs/planetary-defense/2025/06/05/nasas-webb-observations-update-asteroid-2024-yr4s-lunar-impact-odds/

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