‘La planète est malade.
L’homme est coupable de l’avoir dévastée. Il doit payer. Telle est la vulgate répandue aujourd’hui dans le monde occidental. Le souci de l’environnement est légitime : mais le catastrophisme nous transforme en enfants qu’on panique pour mieux les commander. Haine du progrès et de la science, culture de la peur, éloge de la frugalité : derrière les commissaires politiques du carbone, c’est peut-être un nouveau despotisme à la chlorophylle qui s’avance.
Et rend plus urgent l’instauration d’une écologie démocratique et généreuse. Une course de vitesse est engagée entre les forces du désespoir et les puissances de l’audace.’
‘Le Fanatisme de l’Apocalypse : sauver la Terre, punir l’homme’, de Pascal Bruckner : la rhétorique de la dérision en défaut
Mettre les rieurs de son côté, voilà un talent que maîtrise à coup sûr Pascal Bruckner. Ce talent, il le prodigue aujourd’hui pour dénoncer un discours écologique supposé dominant. La thèse du livre au titre emprunté à l’historien Norman Cohn (Les Fanatiques de l’Apocalypse – Julliard, 1962) est simple : le souci de l’environnement aurait tourné en Occident à une manie de la contrition dont le but serait moins le salut de la planète que la satisfaction d’un masochisme postchrétien prônant le châtiment, voire l’extinction de l’homme. Après Le Nouvel Ordre écologique de Luc Ferry (Grasset, 1992), voilà Pascal Bruckner qui reprend le slogan lancé en 1990 par le philosophe Marcel Gauchet dans la revue Le Débat : ‘Sous l’amour de la nature, la haine de l’homme’.
‘Les Verts voudraient passer les menottes à la planète’
C’est, d’abord, un livre drôle, tant le bêtisier des ultras de l’écologie est digne de Bouvard et Pécuchet. C’est, ensuite, un livre impitoyable, parce que les prophètes de malheur pèsent sur les décisions politiques et sur le moral des peuples. C’est, enfin, un livre salutaire, parce qu’on intoxique autant les cerveaux de nos enfants avec l’idéologie que leurs corps avec la pollution. Pamphlet au poing, bien aiguisé sur le silex du bon sens, Pascal Bruckner part en guerre contre les cassandres nuisibles dans Le Fanatisme de l’apocalypse (Grasset). Ses arguments sont frappants, son ton est ludique, le résultat est jouissif. Mais le but du philosophe n’est pas de rejoindre les rangs des climato-sceptiques, des accros au CO2 ni des thuriféraires de l’industrie. Il a moins écrit une critique de l’écologie qu’une critique dans l’écologie. Afin que pousse l’écologie de raison, dont dépend notre salut collectif, il faut éradiquer l’écologie de divagation. Bruckner désherbe.