Pendant que les ours déjà présents continuent à faire des dégâts dans les troupeaux sur tout le massif des Pyrénées de l’Ariège à Saint-Engrace en Pays-Basque, d’autres se préparent à recevoir une nouvelle ourse d’importation.
Comme il fallait s’y attendre, les acteurs de terrain des vallées Béarnaises sont particulièrement mobilisés et attentifs aux mouvements anormaux qui se manifestent, qu’il s’agisse de bergers qui veulent protéger leurs troupeaux, d’acteurs du tourisme inquiets de la mauvaise publicité liés aux risques que constituent l’arrivée d’un prédateur pour les randonneurs et promeneurs ou les élus locaux tels que les maires qui n’ont toujours aucune garantie quant à l’engagement de leur responsabilité pénale et civile en matière de sécurité sur leur commune.
L’ONCFS investi Laruns et la vallée d’Ossau
Mardi matin (hier), quatre agents de l’ONCFS, pas vraiment discrets, « passent chercher du pain à la boulangerie vers 8h ». Il n’en fallait pas plus pour que chacun suive et observe la situation.
Vers 9h, un SMS est diffusé sur une partie du réseau ADDIP / FTEM : « 4 fonctionnaires onc se sont installés ce matin dans la maison située en face du camping de chez Boy dans le tournant épingle à cheveux sur route Eaux Bonnes, faire passer l’info »
Un conseiller municipal confirme en fin d’après midi. « Ils sont partis entre 13h 14h et ils avaient du matériel de radio ». Pour quoi faire ? Suivre des chasseurs qui chasseraient dans des conditions… « spéciales » ou bien préparer l’arrivée d’une ourse comme annoncé par la Ministre de l’Écologie ? A moins que cette ourse ne soit déjà lâchée et que le suivi télémétrique a débuté ?
Voilà bien des interrogations en vallée d’Ossau.
Et les parkings de bout de pistes…. ou départ de sentiers de randonnée.
Rien n’échappe aux habitants de la vallée. « Allons voir sur la montagne d’en face », décide une habitante de Laruns. « Histoire de se promener » nous dit-elle. C’est ainsi qu’elle se retrouve sur le parking d’Err. « Il y avait 7 voitures mais ce n’était pas des voitures de l’ONCFS » précise-elle. « Je suis montée au-dessus de la cabane. Plus de 3h de marche. Je n’ai vu personne et lorsque je suis redescendu, il n’y avait plus de voiture ». Au départ de ce parking, le nombre de chemins est limité. Alors se pose cette question : « Où étaient donc ces personnes ? Que faisaient-elles ? ». Évidemment, pas de réponse.
Aucune certitude mais… une surveillance…
La surveillance est bien existante. Qu’il s’agisse de l’ONCFS et très probablement aussi le Parc National des Pyrénées ou encore des opposants aux introductions qui ne sont d’ailleurs pas tous des anti-ours comme une certaine presse tente de le faire croire.
Chez les éleveurs, personne n’est dupe. « Elle [Ndr : La Ministre NKM] est capable de faire des lâchers avant de l’annoncer…. ou le jour de son annonce. De toute manière elle a dit qu’elle ne ferait pas de publicité ». Ou encore : « Si elle veut le lâcher elle le fera mais on ne se laissera pas manger tout cru ». Tout en reconnaissant que les observations faites ce mardi ne correspondent peut-être à rien, il est clair que tout le monde est vigilant y compris le maire de Laruns qui, à notre grande surprise, hier soir, était parfaitement au courant de tous les détails. « Il vaut mieux être vigilant et si on peut arrêter ça…. ». Vigilance mais discrétion : « il y a plusieurs méthodes pour arrêter ça » nous dit un éleveur. Nous n’en saurons pas plus.
Pas seulement en vallée d’Ossau.
« Appelle-moi, j’ai à te parler » et suis un numéro de téléphone inconnu. Un interlocuteur qui ne s’est pas fait connaître nous donne des informations. « Dimanche sur le parking d’Issarbe, il y avait des gendarmes et la guardia civil, si ça peut être utile ». La preuve que là aussi, il y a une surveillance. N’ayant rien de la vallée d’Aspe, nous interrogeons quelques contacts. « Rien à signaler ». Et en Barétous ? « Depuis ma fenêtre je vois qui passe ». Décidément, ils sont bien organisés. Mais un éleveur nous rappelle qu’en 2006, notamment pour lâcher Franska au Chiroulet, il avait été utilisé des leurres. Donc tout est possible et rien n’est acquis.
Et dans les Hautes-Pyrénées ?
Les vallées de Bigorre sont directement concernés par ce qui se passe en Béarn. Cannellito qui sévit entre le Lisey à Cauterets et le col d’Andorre en passant par le Cabaliros, Estaing, etc…, nous vient de la vallée d’Aspe où sa mère, Cannelle, a été tuée. Franska, lâchée au Chiroulet dans la haute Adour sévissait autant dans l’Ouzoum qu’au Pibeste en passant à quelques mètres du centre ville de Lourdes et dans les villages. L’objectif de lâcher une femelle en Béarn est bien de la rapprocher des mâles pour assurer une descendance : Néré entre Aspe et Ossau, parfois en Aragon ou Cannellito en Bigorre. Si elle choisissait Cannellito, cela pourrait nous faire, au moins un temps, deux ours sur le secteur au lieu d’un seul qui fait déjà pas mal de dégâts.
Là aussi, l’observation existe mais le lâcher est prévu en Béarn et demandé par l’ONCFS des Pyrénées-Atlantiques. Les enjeux sont donc différents. Mais l’intérêt le même.
Qui gagnera à ce jeu de cache-cache et du chat et de la souris ? Probablement l’ONCFS. Ils sont payés pour cela. Mais quelles seront les conséquences s’ils venaient à gagner ? Nous n’avons pas de réponse définitive. Mais le pire est à craindre… au moins pour l’ours ici ou… ailleurs.