Depuis plus d’un siècle, les étranges « cascades de sang » qui s’écoulent le long du glacier Taylor, en Antarctique oriental, intriguent les chercheurs. Aujourd’hui, une équipe de scientifiques semble avoir percé le mystère de cette couleur rouge saisissante.
Un phénomène découvert en 1911
Lors d’une expédition britannique en Antarctique, en 1911, des explorateurs ont pour la première fois observé ces écoulements rouge vif. Depuis, le phénomène a fasciné les spécialistes. Le liquide, qui semble « saigner » du glacier, a suscité de nombreuses théories, mais aucune ne parvenait à expliquer cette teinte rouge si caractéristique.
La réponse : des nanosphères riches en fer
Grâce à une nouvelle étude, publiée en mai dernier dans Astronomy and Space Science, les chercheurs pensent avoir trouvé l’origine de cette couleur. En analysant des échantillons du liquide à l’aide de microscopes électroniques puissants, l’équipe de Ken J. T. Livi, de l’université Johns Hopkins, a découvert la présence de nanosphères riches en fer. Ces particules, 100 fois plus petites qu’un globule rouge humain, s’oxydent lorsqu’elles sont exposées à l’air, donnant au liquide cette teinte « sanglante ».
Ces nanosphères ne sont pas de simples minéraux. Contrairement à ces derniers, leurs atomes ne sont pas arrangés de manière cristalline, ce qui explique pourquoi elles avaient échappé aux analyses précédentes. Elles contiennent également d’autres éléments comme le silicium, le calcium, l’aluminium et le sodium, ce qui les rend uniques.
Un résidu de la vie ancienne
Ces nanosphères proviendraient de microbes ancestraux ayant survécu pendant des millénaires dans les eaux piégées sous le glacier Taylor. Ces microbes, adaptés à des conditions extrêmes, pourraient également fournir des indices sur les formes de vie dans des environnements extraterrestres similaires.
Des implications pour la recherche spatiale
Les résultats de cette étude vont bien au-delà de l’Antarctique. Selon les chercheurs, comprendre comment ces microbes ont survécu pourrait aider à identifier des traces de vie sur d’autres planètes, comme Mars, où des environnements glacés et riches en fer pourraient exister. La découverte des « cascades de sang » offre ainsi une fenêtre unique sur la vie ancienne et son adaptation à des conditions extrêmes.
Un mystère enfin élucidé
Les « cascades de sang » nous rappellent à quel point la nature regorge de phénomènes fascinants et de réponses complexes. Ce qui ressemblait à une scène sortie d’un roman fantastique trouve désormais une explication scientifique, tout en ouvrant de nouvelles perspectives sur la compréhension de notre propre planète et des mondes qui nous entourent.