Le Parc National des Pyrénées aime-t-il la République ?

 

Afin d’appeler le gouvernement actuel et ceux qui lui succèderont, quelle qu’en soit la couleur politique des alpinistes français ont imaginé réaliser des « ascensions républicaines » de sommets emblématiques les 11 et 12 septembre, « dans les principaux massifs montagneux »  L’objectif est d’attirer l’attention sur :



  • La restauration et le respect des piliers fondamentaux de la République Française (liberté, égalité, fraternité, séparation des pouvoirs),

  • Redonner à la France son aura internationale de Patrie des Droits de l’Homme et de référence morale, politique et culturelle alors qu’elle est aujourd’hui condamnée ou moquée dans le monde entier,

  • Rétablir l’humanisme et le sens de l’État et de l’intérêt général comme références supérieures présidant à l’action publique,

 


Parmi les sommets qui doivent être gravis nous pouvons citer l’Aiguille de la République et le Mont Blanc à Chamonix dans les Alpes. Dans les Pyrénées, c’était le sommet emblématique du Pic du Midi d’Ossau dans le cœur du Parc National des Pyrénées.


 


Mais c’est bien parce qu’il est au cœur du Parc National que le Directeur du Parc Giles Perron s’est inquiété de ce rassemblement.


 


Selon un communiqué des organisateurs, Rémi Thivel et Christian Ravier, des guides de Haute Montagne pyrénéens réputés, l’objectif était d’organiser un « rassemblement avec un pique-nique républicain dimanche 12 septembre à midi autour du refuge de Pombie. Dans la matinée, un groupe réduit d’alpinistes serait monté au sommet de la Pointe de France pour y photographier une Marianne, en renonçant au déploiement de la devise de notre République qui selon l’Article L – 241.3 du code de l’environnement serait comparable à un slogan publicitaire ».


 


Circulez, il n’y a rien à voir.


Dans une lettre adressée aux organisateurs, Gilles Perron, Directeur du Parc, rappelle les organisateurs à la loi républicaine :


 


L’article L – 241.1 du code de l’environnement prévoit qu’il y a lieu de « soustraire (le territoire d’un parc national) à toute intervention artificielle susceptible d’en altérer l’aspect, la composition, l’évolution… ».


 


L’article L – 241.3 du code de l’environnement prévoit que « la publicité est interdite dans les parcs nationaux » et qu’un parc national « peut soumettre à un régime particulier et le cas échéant interdire. La circulation du public quelque soit le moyen emprunté. ».


 


Et il précise que : « Le décret numéro 2009-406 du 15 avril 2009, pris pour l’adaptation de la délimitation et de la réglementation du parc national ….., interdit toutes prises de vue dans la zone cœur du Parc National des Pyrénées… ». Point discutable et sans doute pas tout à fait exact puisque l’article 16 du dit décret précise : « Les prises de vue ou de son réalisées dans le cadre d’une activité professionnelle ou à but commercial sont interdites, sauf autorisation du directeur de l’établissement public ». Il est assez surprenant que les photos d’une Marianne et des principes de notre République « Liberté, Egalité, Fraternité » réalisées par des photographes amateurs aient un caractère commercial. Mais peut-être que ces principes républicains de liberté, d’égalité et de fraternité ne s’appliquent pas aux Parcs nationaux de France. Auquel cas, les candidats à la création de nouveaux parcs et les élus des communes pyrénéennes qui doivent se prononcer sur la future charte devraient y réfléchir à deux fois.


 


Est-ce vraiment polémique ?


Au delà de cette manifestation et la polémique que pourrait engendrer cette décision du directeur du Parc, le véritable problème est bien l’application de la loi 2006 et du décret du 15 avril 2009 qui en découle. Les premiers responsables sont les parlementaires qui ont voté la loi. Les seconds pourraient bien être les élus qui cautionnent cette situation en participant au Conseil d’Administration. Pourquoi ?


 


Légalement, le Directeur « peut » beaucoup de choses et dispose bien du pouvoir d’interdire tout déplacement dans le Parc (voir plus haut l’article L – 241.3 du code de l’environnement) y compris à pied. Ce pouvoir n’est pas une obligation. Il « peut » également autoriser. Ainsi donc, c’est un fonctionnaire qui, seul, en vertu de la loi, « peut » décider sans avoir à en référer à quiconque. Par la suite, « il doit » rendre compte au Conseil d’Administration qui ne dispose d’aucun moyen de censure à l’égard du directeur. De toute manière, que peut faire un Conseil d’administration après une telle décision s’il ne se réuni pas avant l’événement ? Rien !



Outre le fait que les députés de gauche n’ont pas voté la loi de 2006 sur les Parcs Nationaux et Réserves Naturelles, le constat que nous faisons du pouvoir discrétionnaire du Directeur correspond parfaitement aux griefs formulés par Jean Lassalle et l’association Vallées de Liberté présidée par Robert Casadebaig, maire de Larruns, la plus importante commune du Parc National. Certains parlent de polémique, pour d’autres, il s’agit bien d’une réalité où la démocratie est légalement mise à mal. Les élus, soit dans leur mandat électif territorial soit en qualité de membre du Conseil d’Administration du Parc National sont au mieux des figurines servant de faire valoir à une démocratie inexistante ou au pire des marionnettes qui ne peuvent que s’agiter sans aucun pouvoir de décision.


 


Jusqu’à quand une telle situation sera-t-elle acceptée ?


 


Dans l’immédiat : « Le pique-nique prévu dimanche 12 septembre à Pombie, aussi républicain soit-il, est donc officiellement interdit. Par contre, ce dimanche d’automne s’annonce des plus ensoleillés et un casse-croûte sur les rives du Lac de Pombie, dans cet espace de liberté qu’est la montagne, ne peut être que source de plaisir et de fraternité ».


 


Une manière élégante pour expliquer qu’à défaut d’être applicables, cette loi et ce décret sont stupides et que, sauf en sanctuarisant les lieux, un rassemblement amical est toujours possible.

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