Le point sur l’équipe de France handi avec Seb Gnecchi

Le point est fait avec Seb Gnecchi, entraîneur national de l’équipe de France handi entre les deux saisons, et juste après un premier sélectif qui s’est déroulé à Marseille au mois de janvier.

– Kairn : Quel bilan tires-tu des compétitions handi internationales et nationales de l’an passé ?

– Seb : Le bilan est plutôt positif. D’un point de vue du développement du handi au niveau international, le règlement évolue, le nombre d’inscrits en compétition aussi… Tout n’est pas encore parfait bien sur, mais on se sert des problèmes rencontrés des saisons passées et du vécu des épreuves valides pour essayer d’avancer convenablement. Il ne faut pas oublier que le premier championnat du monde a été réalisé en 2011… C’est tout récent… Quand tu regardes l’histoire des compétitions valides, on a avancé très vite… C’est sur que certains se plaignent des catégories, parfois à juste titre, mais des réflexions sont en cours pour combiner au mieux la réalité du terrain, le nombre d’inscrits et les moyens que nous avons à notre disposition, notamment pour les visites médicales.

Au niveau national, cela manque de participants. Nous souhaitons rapidement transformer le challenge national en championnat de France pour les catégories possédant un nombre conséquent de compétiteurs… Beaucoup de grimpeurs handicapés pourraient y participer mais soit ils ne sont pas au courant, soit ils n’ont pas envie, soit ils ne savent pas qu’ils peuvent participer… Il faut que nous arrivions à plus communiquer autour de cet événement et que les clubs et structures qui encadrent des personnes handicapées, proposent à leurs grimpeurs d’y participer… Il faut aussi que nous relayions l’information dans les salles privées. Ce n’est pas le cas actuellement et c’est fort dommage.

Au niveau des résultats, le bilan est bon aussi… Sur le Championnat du Monde, nous ramenons 5 médailles sur 6 engagés, dont un titre avec Mathieu Besnard, deux deuxième place avec Nicolas Moineau et Mathieu Barbe, et deux troisième place avec Oriane Moreno et Serge Laurencin. La France se classe 2ème nation. Sur les paraclimbing cup, les grimpeurs ont gagné 18 médailles dont 11 d’or sur 25 engagements en compétition. Les grimpeurs ont de plus en plus conscience de l’exigence nécessaire pour réussir, ce qui correspond à l’état d’esprit que j’essaye de leur inculquer…

– Kairn : Des stages et des sélectifs sont prévus en ce début d’année. Quel en est l’objectif et sur quoi axes-tu les préparations ?

– Seb : Ce week end a eu lieu le sélectif pour les stages Equipe de France. L’objectif est d’être prêt rapidement pour l’ensemble de la saison. Normalement cette année, la première coupe du monde handi devrait naitre… L’objectif est bien sur de ramener le plus de victoires possible sur ces classements. Sur les différents stages, on va accentuer le travail sur la lecture, la mémorisation, et leur faire vivre encore de vraies séances d’entrainement afin qu’ils puissent les répéter à l’entrainement.

– Kairn : Quelles sont les échéances futures pour l’équipe pour 2015 et les années à venir ?

– Seb : Dès aujourd’hui, nous sommes tournés vers le Championnat du Monde de Bercy en 2016. L’objectif sera d’obtenir le plus de médailles possible et de faire au moins aussi bien que cette année. Pour 2015, j’aimerais vraiment que l’on remporte quelques classements finaux de Coupe du Monde…

Normalement, nous devrions avoir dès 2016 des compétitions hors Europe… Ce sera aussi un nouveau facteur pour eux à prendre en considération… Mais tout ceci est très motivant pour eux et pour moi. Tout est à construire…

– Kairn : Quelles nouveautés vont être introduites cette année ?

– Seb : Pas de grandes nouveautés cette année hormis la création de la coupe du monde. Au niveau national, nous allons essayer de pouvoir être présent dans plus de catégories comme les amputés jambes femmes et les amputés bras homme… Toujours dans l’objectif d’être le plus performant possible pour les Championnats du Monde de Bercy 2016. Mais il est certain que nous avons besoin que les grimpeurs handi soient informés de l’existence de ces compétitions. Plus le nombre de compétiteurs sera élevé, plus les grimpeurs se donneront pour garder ou gagner leur place. L’émulation nous permettra d’augmenter le niveau d’exigence. Il faut que l’état d’esprit soit sain, qu’ils soient performants tout en gardant l’ambiance actuelle. C’est pour ça aussi qu’ils viennent et qu’ils se donnent à l’entrainement.

– Kairn : Cet été, des athlètes de l’équipe nationale se sont exprimés ici sur l’intérêt des compétitions d’escalade handi en terme de développement personnel. Quel est ton point de vue et tes motivations personnelles en tant que coach ?

– Seb : D’une manière générale, je pense qu’effectivement la compétition leur apporte beaucoup dans leur pratique au quotidien. Quand tu vois Nicolas par exemple… En 2012 lorsque l’on s’est vu pour la première fois, je lui ai dis que c’était une force de la nature… Et il passait du 6b sur mur…. Aujourd’hui, il a réalisé du 7a en falaise en posant les dégaines et travaille actuellement un 7b+… C’est clair qu’il a pris confiance en lui…

Si tu prends Mathieu, il a gagné toutes les compétitions auxquelles il a participé depuis deux ans en sortant toutes les voies.

Et regarde Serge… A 53 ans, il est toujours aussi motivé… Il recommence la musculation, et se met des grosses doses à l’entrainement… Il est à l’écoute des conseils que je lui donne et essaye de mettre en application…

Ils ont tous leur histoire et leur caractère. Après, tous les grimpeurs de l’équipe ne réagissent pas de la même manière comme la société en général. Certains préfèrent ne pas en parler et garder pour eux leur ressenti. Mais d’une manière générale, si cela ne leur apporterait rien, ils ne viendraient plus… Donc ces compétitions leur apportent quelque chose…

Pour moi, ce qui est surtout important, c’est l’état d’esprit que les grimpeurs ont quand ils rentrent en Equipe de France. Ils sont dans une dynamique, dans un groupe dont l’objectif est la victoire en compétition. L’ambiance est bonne et ils lient actuellement convivialité et performance. Mais cela est possible car ils savent pourquoi ils sont là. Ils viennent tous pour gagner. Ils savent que rien n’est acquis et ne se reposent pas sur leurs lauriers.

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