Bigfoot ou sasquatch en Amérique du nord, almasty en Russie, yéti ou « abominable homme des neiges » dans l’Himalaya : ces créatures légendaires ont fait l’objet de multiples récits décrivant leur silhouette terrifiante et leurs énormes empreintes de pas. Elles ont nourri d’abondantes spéculations, mais elles n’avaient pas jusqu’ici fait l’objet de recherches scientifiques très poussées.
Un généticien britannique, Bryan Sykes, de l’université d’Oxford, a entrepris de combler cette lacune. Il s’est associé avec le Musée de zoologie de Lausanne (Suisse) et a lancé un appel à témoins pour obtenir des échantillons censés provenir de ces mystérieux humanoïdes. Sykes et ses collègues ont ainsi recueilli 57 poils de yétis, bigfoots et autres créatures velues, envoyés par des musées ou des collectionneurs des États-Unis, d’Inde, du Bhoutan, de Russie, ou de Sumatra.
Les hypothèses avancées sur la nature précise de ces monstres poilus sont aussi abondantes qu’ébouriffantes : on a parlé de Néandertaliens survivants, de gigantopithèques (une espèce disparue de primate géant du Miocène supérieur), voire d’hybrides improbables entre l’homme et d’autres mammifères. Comme on va le voir, les faits démontrés par Sykes et ses collègues, et exposés dans la revue de la Société royale britannique, sont plus prosaïques : au lieu du bestiaire fantastique imaginés par les fans du yéti, on découvre le plus souvent des espèces de mammifères assez communes dans les régions concernées.