Depuis la fin des années 1980, l’univers du tourisme de montagne européen est parcouru par de nombreux incertitudes et facteurs de changement structurels sectoriels ou globaux : stagnation ou érosion de la pratique du ski, perte de parts de marché touristique des pays alpins, accentuation de la concurrence entre destinations touristiques, émergence de nouvelles pratiques récréatives, vieillissement de la population… Le changement climatique, dont les effets sont d’ores et déjà fortement ressentis dans la vie touristique alpine, constitue un révélateur et souvent un accélérateur des mutations en cours. Pour de nombreux observateurs, le système des sports d’hiver hérité de la seconde moitié du XXe siècle repose désormais sur un modèle épuisé, « qui a fait ses preuves et son temps » (Knafou, 1991), et qui est voué à une profonde recomposition impliquant de drastiques adaptations. À l’aune de ce changement et des enjeux du développement durable, le modèle porté par les plus grandes stations, s’il continue à s’afficher comme une réussite, n’est pas exempt de contradictions et de risques, avérés ou potentiels, que cet article se propose de questionner sous l’angle d’une approche géoculturelle du tourisme. Les stations françaises, qui font partie du trio de tête mondial1de l’offre et de la fréquentation des sports d’hiver, fournissent à cet égard la matière d’une étude de cas d’autant plus propice qu’elles font la part belle à de grandes infrastructures touristiques, tant en nombre de lits touristiques qu’en nombre de remontées mécaniques et de pistes.