De retour en Suisse après sa violente altercation avec des sherpas sur la voie normale de l’Everest, Ueli Steck essaie de tirer les leçons de cet incident, pour l’himalayisme et pour sa propre pratique. «C’est ma liberté d’alpiniste qu’ils ont prise»
Il y a douze ans, Ueli Steck, alors inconnu du grand public, réussissait son initiation en grand alpinisme dans la face ouest du Pumori, un 7000 face à la voie normale de l’Everest. Depuis, plusieurs sommets du Khumbu avaient reçu sa visite pour des réalisations engagées qui touchaient plus le cœur des alpinistes que ses raids chronométrés dans les faces nord des Alpes. Beaucoup, en apprenant qu’il retournait cette année à l’Everest pour un projet secret, ont espéré qu’il réussirait l’accord parfait de la haute altitude, de l’exigence et de la vitesse.
Ueli Steck est rentré dimanche en Suisse, amer et sonné. Le 27 avril, en fin de journée, une centaine de sherpas en colère, le visage masqué derrière leur foulard, encerclaient sa tente, au camp 2, à 6200 mètres d’altitude. Quelques heures auparavant, alors qu’ils s’acclimataient sur la voie normale, l’Italien Simone Moro et lui s’étaient affrontés verbalement avec un groupe de sherpas qui installaient des cordes fixes. Frappé au visage, heurté par une pierre, menacé de mort, il dit n’avoir dû sa survie qu’à l’intervention d’une jeune guide américaine, Melissa Arnot. Encore sous le choc après cet accès de violence, Ueli Steck, 36 ans, accepte pour la première fois de parler de son avenir d’alpiniste, où le doute s’est taillé une grande place.