Réapparu en France il y a une vingtaine d’années, le prédateur poursuit sa progression. Au-delà des problèmes causés aux éleveurs, il provoque un vif débat sur notre rapport à la vie sauvage.
Le loup est là. Année après année, il poursuit sa lente recolonisation d’un territoire où il régna en maître, prédateur incontesté, et d’où il fut éradiqué en un peu plus d’un siècle. Hier dans le Mercantour, les gorges du Verdon, le massif de la Sainte-Baume, à vingt kilomètres de Marseille, aujourd’hui dans les Vosges, le Jura et le Massif central, demain dans le Limousin, en Champagne ou en Lorraine. Année après année, son expansion se mesure aux centaines de moutons et de brebis tombés sous ses crocs – plus d’un millier de victimes au premier semestre 2011, un chiffre en augmentation continue. Les loups attaquent l’hiver quand le gibier se fait rare, ils attaquent au printemps quand les troupeaux abondent et que le sevrage des louveteaux accroît leurs besoins. Estimée aujourd’hui à près de deux cents individus de l’espèce Canis lupus, la présence grandissante du loup n’est pas sans poser de nombreux problèmes aux éleveurs. Quoique de nature craintive et comprenant rapidement le danger que l’homme représente pour lui, le loup n’en reste pas moins un carnassier fidèle à sa réputation et adepte, comme le renard, de l’overkill (littéralement “tuer en excès”), qui lui fait égorger vingt-sept brebis pour n’en manger qu’une seule, comme à Ventron, dans les Vosges, en avril.
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L’Homme contre le loup, une guerre de deux mille ans, Jean-Marc Moriceau, Fayard, 480 pages, 26 €.