Contre le réchauffement climatique, Sonam Wangchuk fait jaillir l’eau et la végétation des vallées désertiques du Ladakh grâce à des glaciers artificiels.
Cet homme-là possède un grain de génie, à moins que ce soit un grain de folie. Vêtu d’un « goncha », la robe traditionnelle du Ladakh en laine épaisse, et coiffé d’un éternel béret français, Sonam Wangchuk contemple l’étendue hostile qui l’entoure. Dans le froid sec du début de l’hiver, un désert de rochers et de terres arides s’étend aux pieds de l’imposant monastère du village de Phyang. À moins d’une heure de route de Leh, la capitale du Ladakh, ce hameau bouddhiste se niche dans l’immensité sauvage du « Petit Tibet », le haut plateau himalayen du nord de l’Inde. Dans cette contrée stérile, Sonam Wangchuk visualise déjà une cité imaginaire qu’il rêve de voir naître. À la fois ingénieur, inventeur et éducateur, il s’est donné une mission titanesque : faire jaillir eau, arbres, champs et vie en ces terres frappées de plein fouet par les impacts du réchauffement climatique. En créant des mini-glaciers artificiels à l’altitude du village, il pense apporter une solution aux problèmes d’irrigation des paysans du Ladakh, dont les champs sont affectés par les perturbations observées au niveau des températures, des précipitations, de la neige et de la fonte des glaciers. « Je veux offrir une réponse himalayenne à un problème himalayen », résume Sonam Wangchuk.