Nous l’attrapons un soir sur la terrasse d’un restaurant italien à Carouge, avec sa femme. Il revient d’une journée de grimpe avec une cliente et sa fille. Et après avoir passé la commande, boucle encore sa course du lendemain au téléphone. «Je pars à 6?h dans le Val d’Aoste, mener un client au Mont-Rose», nous explique-t-il. Ne craint-il pas la surpopulation sur ce sommet parmi les plus connus d’Europe? «Non», répond-il après avoir esquissé un grand sourire. «J’ai choisi une voie avec une longue marche et un bivouac, sans possibilité de dormir dans une cabane, il n’y a pas grand monde sur ce genre de face. Je pars avec un client bien entraîné», glisse-t-il.
Xavier Carrard, 43 ans, exerce comme guide depuis près de vingt ans dans le massif alpin, en Suisse, en France, en Italie. Et tourne avec une clientèle fidèle. «Des gens de Genève et de la région. J’ai un groupe que j’accompagne depuis vingt ans!» illustre-t-il. A la table d’à côté, un homme – un de ses clients – vient justement le saluer. Ils plaisantent un instant, puis la discussion reprend. Le Genevois fait partie de la minorité de guides qui vit exclusivement de son activité… Ou presque. «Je travaille 3 semaines par année au magasin Cactus, mais c’est moins par besoin financier que par envie», note-t-il.