Nous traversons le front de mer de Sferracavallo dans un silence total lorsque, près de Barcarello, une voix grave s’élève de la mer. C’est un moment d’émotion. Bercées par les vagues, les notes de Malafemmena prennent vie grâce à un pêcheur solitaire absorbé dans son travail au cœur de la nuit. Nous l’écoutons avec passion pendant plusieurs minutes, puis le laissons tranquille, plongé dans sa propre passion : la mer et son travail, un métier difficile qui n’épargne personne mais qui au final vous récompense avec des ciels étoilés et des moments uniques au contact de la grande bleue.
Nous allumons nos lampes frontales et partons vers les murs de Monte Gallo. C’est ainsi que commence notre petite aventure, chargée d’émotion avant même le départ.
J’avais remarqué cette belle ligne avec mon ami et collègue Fabio Olivari et, avec sa permission, j’ai étendu le projet à Claudio Trovato, un ami et grimpeur fort et passionné de Scicli. C’est la troisième fois que je me lance dans un projet comme celui-ci avec Claudio et, compte tenu de l’estime que je lui porte, je suis sûr que cela se passera bien. Par-dessus tout, je suis juste heureux d’être ici avec lui, une fois de plus dans un endroit que j’aime profondément.
Nous débutons le premier lancer dans le plus grand calme, car nous n’avons aucune envie de précipiter les choses, seulement de grimper, de profiter du lieu et d’une belle nuit étoilée sur le mur. C’est ainsi qu’à la fin de la quatrième longueur, à la tombée de la nuit, nous nous préparons pour un bivouac on ne peut plus spectaculaire. Nos téléphones n’ont pas de signal, et à une époque où tout le monde est constamment connecté, cela rend tout encore plus fascinant.
Nous sommes en novembre et les températures douces nous offrent une soirée particulièrement chaude, à tel point que nous avons du mal à nous endormir et à nous perdre dans mille mots, en suivant les trajectoires des avions commençant leur descente vers Punta Raisi et les lanternes des pêcheurs disséminées sur la mer Tyrrhénienne. Des vies aux extrémités opposées : la mer, la roche, l’air, les cœurs battant et recherchant ardemment le cadeau le plus précieux : la vie !
L’aube se lève enfin, ne serait-ce que pour nous permettre de repartir compte tenu de l’inconfort de la corniche sur laquelle nous bivouaquons.
Après deux longueurs, il y a un moment de doute sur la dalle du sixième pas, puis nous arrivons enfin à la base du mur de tête. Des grottes suspendues ornées de splendides formations encadrent les trois dernières longueurs qui, sur un rocher marbré d’une qualité exceptionnelle, nous conduisent au sommet de la paroi.
Le sommet n’est en réalité que le bout des murs ; le vrai plateau commence un peu plus haut, au bout d’une corniche sauvage et d’une courte ruée de cinquième classe. Logiquement, nous décidons que ce sera la fin de Pêcheurs de rêvescar il n’y a plus de difficultés à surmonter.
Après un câlin et la photo rituelle d’usage, identique à tant d’autres mais unique et irremplaçable, nous descendons les cordes en rappel. Un sandwich à la rate bien mérité et une bonne bière bien fraîche nous attendent car, soyons honnêtes, une aventure ne peut être considérée comme vraiment complète sans une bière.
Bonnes aventures à tous de la part de Massimo et Claudio.
– Massimo Flaccavento, Nicolisi
Infos : sicilemountainproject.com











