Début février, l’Autrichien Martin Feistl et le Tyrol du Sud Simon Gietl ont établi Aura sur la face nord-est du Langkofel / Sassolungo, dans les Dolomites italiennes, avec un bivouac. L’itinéraire suit les deux premières longueurs de l’ascension estivale « Princessin im Herzen » (Fabio Bertoni, Stefan Comploi, Ivo Rabanser 1997), puis continue tout droit sur une immense coulée de glace sur 350 mètres, avant de bifurquer à droite pour suivre la voie Pichl jusqu’au sommet. La ligne des 1200 m s’appelle Aura et franchit des difficultés jusqu’à M6 AI5. Un seul piquet est resté in situ, à un relais en partie basse du mur. La nouvelle ligne constitue un ajout considérable à la montagne ; il convient de noter que pour les deux grimpeurs, c’était la première fois au sommet de Saslonch. Le rapport de Gietl est publié ci-dessous.
L’AURA DE LANGKOFEL de Simon Gietl
Langkogel domine le Val Gardena comme un roi, son imposante face nord s’avançant majestueusement à 1000 mètres dans le ciel.
Un automne très pluvieux a permis cet hiver de créer de nombreuses lignes de glace incroyables et fantastiques dans les Dolomites. Début décembre, une dominante distincte s’est formée en dessous La Légrima sur la face nord-est du Langkofel. Le 2 février, je suis parti avec Martin Feistl pour essayer.
Après avoir lutté durement dans la neige épaisse pour atteindre le départ, nous avons décidé de suivre un virage logiquement fissuré – l’itinéraire estival d’Ivo Rabanser « Princesse dans l’âme » – pour deux longueurs. Nous arrivons ensuite au début de la ligne neige/glace et sommes émerveillés par l’excellent état de la face. Les principales difficultés tournaient autour du classement pro, ou de l’acceptation qu’il n’y en avait pas vraiment. Le cœur de la ligne est sans aucun doute cette goutte de glace longue de 350 mètres !
La suite logique de notre ligne serait de monter au sommet en suivant La Legrima proposée par Adam Holzknecht et Hubert Morodernin 2013, mais en raison des conditions sèches, il nous a semblé trop illogique de choisir cette sortie. Il s’agit sans aucun doute d’un objectif majeur pour l’avenir. Au lieu de cela, nous avons grimpé encore 4 longueurs (200 m) sur l’arête nord en suivant la route Pichl (Eduard Pichl, Rolf Waizer, 21/08/1918) jusqu’à atteindre une grotte pas particulièrement évidente où nous avons bivouaqué. Nous avons réussi à planter notre petite tente sur une corniche enneigée et à passer ici une nuit confortable, bien protégés du vent constant.
Le lendemain, nous avons gravi encore 15 longueurs dans des conditions partiellement orageuses, en suivant la voie Pichl jusqu’au sommet de 3181 m. Nous avons toujours grimpé avec des crampons et, à l’exception de quelques longueurs, nous avons toujours utilisé nos piolets. Nous avons atteint le point culminant après midi et comme nous ne connaissions rien de la montagne, après une courte pause, nous sommes immédiatement partis à la recherche de la descente vers Santa Cristina, d’où nous sommes retournés en auto-stop jusqu’au col de Sella.
Aura C’était une belle aventure et je tiens à remercier Hubert Moroder pour les informations qu’il nous a données sur la partie supérieure du parcours. Je l’ai appelé depuis le bivouac pour prévenir que les feux étaient à nous et éviter tout appel aux secours en montagne, mais il savait déjà tout !