Nous avons l’habitude de parler d’accidents en montagne et de sauvetage pour des randonneurs et alpinistes. Plus rarement pour des animaux. Et pourtant, c’est régulièrement que des animaux d’élevage sont sauvés par les bergers et éleveurs mais aussi par hélicoptère. En Béarn, nous pouvons dire que l’IPHB est passée maitre en la matière… surtout l’été en estive.
Le groupe de juments et poulains avec le fourrage largué
En vallée d’Ossau, honoré tous les ans
Comme tous les ans, et encore aujourd’hui, le dimanche 20 novembre 1893, on célébrait la fête patronale à Louvie-Soubiron. Deux montures appartenant à un des habitants n’avaient pu être redescendues alors que la neige était déjà épaisse. Au passage au hameau de Listo d’autres hommes se joignent aux premiers pour aller chercher les deux bêtes. Tout se déroulait bien, les bêtes retrouvées et à quelques minutes de Listo… c’est la catastrophe. Le groupe est pris dans une avalanche. Il n’y aura qu’un survivant.
En 2015 les règles sont différentes
Il existe aujourd’hui le secours en montagne…. Pour les hommes, pas les animaux. Et puis il y a des règles d’usage des estives qu’il faut respecter. Ne pas les respecter et le drame peut arriver. C’est ainsi que Jean-Louis Debayle, éleveur à Buzy (Pyrénées-Atlantiques) se faisait fort de laisser ses 8 juments et 7 poulains (dont un des poulains a disparu) pacager au-dessus de Bious-Artigues sans se soucier du règlement des estives de la commission syndicales Bielle-Billères. Deux lettres de rappel, l’information par laquelle la route de Bious est fermée, mais l’éleveur fait le mort jusqu’au jour où il neige…. Et lorsqu’il neige, les chevaux, contrairement aux vaches, ont tendance à monter…. Et là, gros temps en montagne et… avec l’IPHB qui fait le reproche à l’éleveur de ne rien respecter. Ce dernier commence à faire du bruit dans les médias et affole les associations de protection des animaux au motif que personne ne voulait l’aider en omettant de faire part de sa désinvolture en laissant des bêtes en montagne au-delà sur 15 novembre.
Les deux points de largage du fourrage
Une recherche héliportée
Néanmoins, mercredi matin, l’IPHB lance une opération héliportée de repérage des bêtes dès que les conditions météo l’ont permis. Les 8 juments et 6 poulains étaient sur un replat à environ 210 m d’altitude, sous le col d’Aas de Bielle et du Pic d’Auliou (2410 m) dans un mètre de neige environ. En attendant qu’une reconnaissance pédestre puisse se faire afin de s’assurer la sécurité des personnes et des animaux, l’IPHB fait larguer 350 kg de fourrage au milieu des juments et poulains et quelques 60 m plus bas.
Les bêtes vont d’un point de nourrissage à un autre….
Mise en place du sauvetage
Vendredi matin, réunion entre toutes les parties : maire de Buzy, commission syndicales Bielle-Billères, syndicat des éleveurs de chevaux, les pompiers du GRIMPE, gendarmerie…. Sous-Préfet. Des solutions sont envisagées tenant compte des conditions météo et du manteau neigeux. Le réchauffement jusque vers 3100 m d’altitude joue en faveur du sauvetage. Un itinéraire est envisagé pour éviter un sur-accident ou de voir les bêtes glisser dans la pente. Tous les détails étant prêts, une première tentative de descente des 14 bêtes se fera lundi.
– Sauvetage en montagne d’une vache en vallée d’Aspe
Une affaire de professionnels
Plusieurs bénévoles ont proposé leur service. Mais vu la situation, et afin de ne pas renouveler le drame de 1893, ce sauvetage reste l’affaire de professionnels de la montagne et d’éleveurs. Ce n’est pas une affaire d’amateurs. La route de Babas à Bious est fermée au public. Il est demandé aux personnes non habilitées à aller à rechercher les juments et poulains de ne pas se déplacer pour laisser les gens travailler sereinement pour une opération qui reste délicate.
– L’accident de Laurent le berger…. Un mauvais jour !
La montagne n’est pas occupée que des pratiquants de loisir. Il y a aussi des professionnels, notamment de l’élevage, même si certains essaient de s’affranchir des règles collectives. Nul doute qu’il y aura une suite à cette affaire qui pourrait bien coûter plus cher que de nourrir les juments à Buzy. Mais nous ne devons pas perdre de vue que tous les ans des bergers, vachers, éleveurs sont accidentés aussi bien dans les Alpes que dans les Pyrénées.
Louis Dollo
Photo : @IPHB
Col d’Aas de Bielle