Randonnée – Savoie – Trésor de l’histoire en montagne, le fort de la Platte mis en vente

Du mois de mai à début novembre, « quand il fait beau et que tout se passe bien », les Pichot, leurs 100 chèvres et autant de vaches s’installent au fort de la Platte, sur les hauteurs de Bourg-Saint-Maurice, à 2 000 mètres d’altitude. Alors que le troupeau est redescendu dans la vallée il y a quelques semaines, les agriculteurs ne sont pas certains de pouvoir y remonter l’année prochaine. Les propriétaires, deux frères, de cet ouvrage militaire construit à la fin du XIXe siècle ont décidé de le mettre en vente.

Un coup dur pour les trois générations d’éleveurs qui louent le site depuis quasiment 30 ans et n’ont pas les moyens d’acheter. « On l’a fait émerger de l’ignorance », assure la grand-mère de bientôt 70 ans, Gaby. À l’époque, elle avait, avec son défunt mari, Gilbert, trouvé un arrangement avec les propriétaires pour occuper les lieux pendant la saison d’alpage. « On pouvait être tout seuls dans la montagne, il n’y avait personne. » Puis un tourisme davantage tourné vers la nature a émergé et s’est révélé indispensable pour la survie de l’exploitation : « On est devenus célèbres dans la simplicité. » Les balades de deux heures en pleine nature autour du site et la notoriété des Pichot ont fait du fort de la Platte un site incontournable où l’on peut déguster les fromages de vache et de chèvre, dont leur célèbre “fortin”. Des produits fabriqués sur place et stockés dans les caves, dans des conditions optimales : des analyses ont révélé une hygrométrie et une humidité parfaites ainsi qu’une bonne aération. Ce qui n’était au départ qu’un camp de base pour la saison d’alpage et l’affinage du fromage est finalement devenu l’identité du Gaec (Groupement agricole d’exploitation en commun) des 5 Lacs. D’autant que le site est situé dans le même secteur que l’exploitation basée dans le hameau du Villaret-sur-la-Rosière. Aujourd’hui, les Pichot ne savent pas de quoi leur avenir sera fait. « J’ai passé là-haut les 30 plus belles années de ma vie », confie Gaby Pichot, se remémorant des rencontres formidables avec ceux qui ont été « plus des amis que des clients ». « La vie se passe là-haut », confirme sa fille de 50 ans, Odile, un peu plus philosophe : « Je suis consciente qu’on n’y finira peut-être pas nos jours et, si ce n’est pas au fort, ce sera ailleurs. Les générations tournent. ».

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