Révision du décret du Parc National des Calanques

Le Parc National des Calanques ne manquera pas de faire couler beaucoup d’encre et d’être l’objet de conflits permanents au cours des prochaines années comme ce fut le cas pour sa création. Dans ce domaine, le rôle de la FCAM comme celui de la FFME est pour le moins ambigu avec des positions souvent prises par idéalisme ou idéologie mais rarement après réflexion sur le fond nécessitant une capacité de remise en question et une force de proposition réaliste.

La question des boues rouges et de la pollution de la calanque de Cassis tout comme des égouts de Marseille n’en est qu’à ses débuts pour ne citer que ces aspects les plus visibles. Pendant ce temps, et depuis longtemps, randonneurs et grimpeurs baignent dans la pollution sans même s’en inquiéter. On prend des décisions de protection extrême telles que des zones de protection totale alors que depuis des décennies personne ne s’est intéressé et ne s’intéresse toujours pas à ce qui est d’évidence d’une rare dangerosité.

Après avoir été attaqué en Conseil d’État, le décret de création a été partiellement cassé. Il doit faire l’objet d’un décret rectifiant le décret relatif à la création du parc national des Calanques. C’est la raison pour laquelle depuis près d’un mois, il est soumis, discrètement et dans l’indifférence totale, à une consultation publique accessible à tous par Internet qui doit se terminer le 27 mai prochain

Pourquoi cette consultation aujourd’hui ?

Le décret de création du Parc National des Calanques d’origine du 18 avril 2012 a été pris dans la précipitation d’une échéance électorale sans tenir compte de l’avis des usagers des calanques. Une concertation à sens unique avait été menée par le GIP (Groupe d’intérêt public) et une enquête assez ambiguë avait été menée. A cette époque, les opposants au projet avaient été qualifiés de ‘petit peuple’. C’est dire toute la considération qui existait envers ceux qui ne partagent pas les préceptes de la pensée écologique unique.

Néanmoins, les porteurs du projet soutenus par les organisations écologistes les plus extrémistes ont poursuivi leur idée. L’image de carte postale des Calanques est plus fort que la réalité territoriale qui ne se limite pas à se bord de mer remarquable pour le simple visiteur. Qui se préoccupe et qui dénonce le fait que le territoire est aussi une véritable poubelle ? Surtout pas les organisations écologistes qui n’ont pour ligne de mire idéologique que le contrôle du territoire par la contrainte et, à terme, l’exclusion de l’homme. Avec une telle vision, et des élus oolitiques obsédés par des voies acquises sur des apparences médiatiques, personne n’a même pensé à faire respecter la législation existante pour réduire les pollutions présentent. Un Parc National c’est tellement mieux et ça peut rapporter… gros !

Nos grimpeurs et randonneurs n’ont vu et continuent de ne voir que la protection visuelle de leur petit coin de paradis, en apparence, sans se soucier qu’alentour des gens y vivent et en vivent. Le nombrilisme écologique permanent des usagers gratuits de loisir d’un territoire se manifeste partout en France de la même manière. Pire, ils n’ont même pas pris conscience des contraintes excessives que cela allait leur créer allant jusqu’à des interdictions totales y compris de fumer une cigarette au moment de la digestion.

Un Parc National c’est aussi un business !

Lorsqu’on parle « Parc National », on pense tout naturellement à la protection d’un territoire. La vérité est tout autre. Protection, oui, dans une mesure limitée avec des contraintes comme nous l’avons vu. Mais c’est aussi un label commercial pour un territoire, ouvert autant au tourisme de masse organisé qu’à l’industrie existante. Des labels où les usagers traditionnels sont oubliés, nécessitant un encadrement des activités, toutes les activités. La vente de produits dérivés dans des maisons du Parc à construire avec parkings visiteurs payant seront au programme très rapidement. C’est ce qu’on appellera « aménagement du territoire » auquel on donnera, comme dans TOUS les parcs, un label quelconque « d’aménagement durable » pour faire bonne figure. On y fera même des itinéraires de randonnée bétonnés ou bitumés, comme partout ailleurs, pour les rendre accessibles aux handicapés et on parlera de « développement durable ». On fera venir des bus touristiques encadrés pour vanter la beauté des paysages, etc…. et on conservera quelques pêcheurs professionnels comme des indiens dans une réserve pour montrer les bonnes pratiques écologiques d’une activité désormais impossible. Marseille, ville musée, en fera le fer de lance de sa promotion touristique auprès des Tours Opérateurs de tourisme. C’est ainsi partout dans le monde. Et la protection ? Elle vient en second plan et elle existe de fait puisque tout, ou presque, sera interdit en dehors de ces activités encadrées pour gogos en vacances.

De tout cela, personne n’en parle. Tout le monde se drape dans sa bonne conscience écologique du devoir de protection accompli. Mais d’ici une dizaine d’années, comme partout ailleurs en France, tout le monde déchantera dans le silence le plus total pour éviter de se contredire et de se déjuger. Mais l’histoire retiendra au moins, au regard de ce qu’auront réalisé les anciens, que grimpeurs et randonneurs d’aujourd’hui auront été les complices de ce drame économique, social, humain et écologique qui se met en place sans aucune réaction. De notre côté, nous reviendrons régulièrement sur ce sujet qui est

loin d’être clos.

Une multitude d’avis défavorables aiderait-il l’Etat à reconnaître que le statut de PN était une grossière erreur ? Certainement pas. Pour autant, il suffit de relire l’article de notre ami Françoise Degert sur le problème des boues rouges que nous avons publié sur la TL²B+pour se convaincre que ce PN n’en n’est pas un !

Voir également : Vers un nouveau décret de création du Parc des Calanques

Louis Dollo

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