Réponse au Parc National des Pyrénées

 

Nous remercions vivement le Directeur du Parc National des
Pyrénées et les élus d’exercer leur droit de réponse pour trois raisons :

 

  1. C’est un honneur que d’être lu par cette institution
  2. Nous avons enfin, et pour la
    première fois, un document exprimant plus clairement la situation et le
    positionnement du Parc National sur un sujet lié à la prédation de l’ours.
  3. A la suite de précédents
    désaccords nous avions sollicité que soit exercé ce droit de réponse si
    nécessaire. C’est fait et nous nous en félicitons.

 

Pour ce qui est de l’introduction du droit de réponse et les
qualificatifs employés, ceux-ci sont le point de vue du Parc. Qu’il nous soit
permis, au nom de la liberté d’expression, d’avoir une vision différente et le
droit d’exprimer notre différence d’appréciation sous la forme à notre
convenance que celle-ci plaise ou non.

 

Sur les faits : un
chien de salon responsable ?

Le Parc National des Pyrénées nous amène enfin des
précisions. Face à un tel incident, un communiqué du Parc National aurait, dès
le 20 ou 21 septembre, sans doute dissipé bien des malentendus. Mais comme
Monsieur Perron et Monsieur Berdou nous l’ont déjà recommandé au sujet du
Conseil d’Administration, nous avons utilisé nos contacts pour savoir ce qui se
passait. En définitive, les informations que nous avons relatées ne sont guère
différentes de la version du Parc National. Nos contacts sont donc bons même si
nous ne sommes pas rentrés dans le détail du travail des gardes. Et si «La chronologie est néanmoins un peu plus complexe que voudrait le
faire croire Louis Dollo et l’implication des agents du parc national est forte
quant à la recherche des victimes »,
nous sommes désolés que vous ne
nous l’ayez pas fait connaître alors que par ailleurs nous connaissions
l’implication, certainement aussi forte si ce n’est plus, des éleveurs,
victimes d’un « accident » sur leurs troupeaux. Question de
communication….

 

Nous n’avons jamais mis en cause la compétence des gardes
mais, connaissant les lieux et la localisation observée de l’ours avec très
probablement les mêmes informations que les gardes,  nous avons émis des doutes sur l’appréciation
de la responsabilité ou non du plantigrade. Nous maintenons ce doute d’autant
que nous savons très bien que 58 brebis de plus dans les statistiques de
prédations fait désordre pour les militants de futurs introductions annoncées
en Béarn et Navarre.  Ce n’est pas le
revirement de position de la CIDO qui dissipera nos doutes et encore moins
cette observation : « une trace
de morsure provient d’un petit chien »
. Et pourquoi ne pas dire un
chien de salon a mis 58 brebis au tapis… Et il avait neigé… Et il n’a pas
laissé de traces de pattes ????  A
moins que ce ne soit un renard ?

 

La mise en cause des gardes

Le Parc National écrit : « Les gardes ont tous suivi des formations rigoureuses leur
permettant de mener à bien ces constats : techniques d’autopsie, description
des blessures, en particulier celles dues à l’ours, recherche et identification
des indices d’ours… »
Je rajouterai qu’ils sont même doté d’une petite
boite avec un bistouri de chirurgien. Face à de tels moyens, la situation nous
apparaît  comique. Je peux même préciser
que pour certains gardes, leurs notions d’anatomie des caprins et des ovins sont
tout à fait originales. Découvrir la présence d’une clavicule…. Quant à peler
une brebis je l’ai moi-même fait et expliqué à… plusieurs gardes. Et devant
témoins. Pour éviter d’être qualifié de menteurs dois-je rendre les photos
publiques ? Ce serait désagréable pour ces gardes qui n’ont rien demandé
d’autre que de faire leur travail. Mais ont-ils vraiment reçu une formation
adaptée ? Permettez de douter.

Ces quelques exemples, et nous disposons d’autres
témoignages, nous amène à estimer qu’il y a de graves lacunes chez des gardes
devant faire des constats.

 

Vous écrivez : « Il
est par conséquent faux d’affirmer que tout un chacun est capable de réaliser
ces constats »
. Vous avez parfaitement raison. Remplir des cases de
manière approximative, avec des moyens de chirurgien, « tout un chacun » n’est pas capable de le faire. Par
contre, au premier coup d’œil, le professionnel comprend vite s’il s’agit d’un
ours ou non tout comme il est capable d’exprimer un doute ou de peler une
brebis. Et puis, cet exemple remarquable en Ariège où 48 contre-expertises (je
dis expertise) par un zootechnicien a permis de faire reconnaître des
prédations à priori écartées. J’éviterai de parler des cas des Hautes-Pyrénées
des années antérieures que vous connaissez bien. Si les gardes du PNP suivent
les mêmes formations que ceux de l’ONCFS, qu’il nous soit permis, là aussi,
d’émettre de sérieux doutes.

 

Beaucoup d’éleveurs pyrénéens seront heureux, grâce à ce
droit de réponse, d’apprendre que « le
constat a été remis au berger, comme l’ensemble des constats réalisés en
2011 »
. Au moins ils pourront l’exiger 
puisque vous dites que c’est fait. Il n’y aura plus de raison de leur
refuser.

 

La Commission d’indemnisation des dégâts d’ours mise
en cause…

Il nous parait inutile de palabrer sur le sujet. Il existe
des PV et 2 communiqués de presse qui montrent bien un revirement de situation
d’au moins deux membres de la commission clairement identifiés. Sans trahir le
secret des délibérations, si toute fois il doit exister un secret, sur les
trois membres connus ayant voté contre l’indemnisation à la première réunion il
y en a un qui se vante de ne pas avoir changé de position pour la seconde. Il
est facile de déterminer qui a changé d’avis.

 

Quant à la qualité de ces membres, il ne faut pas confondre
légitimité et  compétence. Ils sont tous
légitimes. Ce n’est pas contestable. Mais 4 d’entre eux ne sont pas compétents.
Ils n’y sont pour rien. Ils ont choisi un métier qui leur permet d’être
des  élus légitimes et reconnus sans
avoir de compétences dans la chose qu’ils jugent. Il s’agit peut-être d’un
problème de composition de la commission. Est-elle suffisamment étoffée pour
apprécier en toute connaissance de cause même après deux phases ? Le
problème, qui n’est pas nouveau, reste posé.

 

Selon plusieurs témoignages, l’aspect « doute »
avait bien été mis en avant au cours de la phase 1 de la première réunion. Il
aura quand même fallu attendre une seconde réunion pour que la notion de « bénéfice du doute » profite
aux éleveurs comme ce devrait être systématiquement le cas. Encore que, comme
nous l’avons déjà vu pour une estive de Bruges il y a quelques années, l’avis
personnel du sous-Préfet l’emporte sur celui de la commission. Pouvons-nous
parler d’arbitraire ou de fait du Prince ? Pouvez-vous comprendre que face
à vous, vous avez des hommes et des femmes victimes quel qu’en soit la raison
et qui souffrent d’avoir perdu leur outil de travail ? Des élus légitimes
mais incompétents dans cette matière, ont-ils le droit de juger du travail et
des méthodes pastorales pratiquées par ces personnes ou doivent-ils se limiter
à apprécier si le responsable est l’ours ou non ? N’ont-ils pas droit à
des explications pour connaître les raisons pour lesquelles le bénéfice du
doute de leur a pas été accordé en première cession ?

 

Monsieur Aubry, Maire de Cauterets….

Monsieur Aubry dit : «  J’ai bien rencontré Louis
Dollo il y a deux hivers à Cauterets ».
Faux. Notre dernière rencontre
date précisément du 24 mars 2011 entre 16h et 17h dans le hall de la gare
supérieure du Lis à l’issue d’un exercice de secours en avalanche. Nous avons
abordé deux sujets :

  • La lettre envoyée par le Préfet aux maires au sujet de la liaison
    Cauterets-Luz et pour laquelle il me reprochait sa diffusion sur Tarbes-Infos
  • De manière très rapide et
    anecdotique la question des prédations de l’ours en général. Et il a conclu par
    la phrase cité et contesté sur les éleveurs et qui ne laissait que peu de place
    à l’échange.

Cet échange a eu lieu devant un témoin invité à cette journée et avec lequel je
venais de faire quelques descentes.

Libre à Monsieur Aubry de contester les propos que je
reproduits. C’était prévisible. La situation est donc normale. J’aurais même dû
parier, j’étais gagnant.

 

Une lecture des textes de loi toute personnelle…

Sans doute. Il arrive parfois aux avocats de ne pas lire la
même chose que les procureurs. Mais des juges tranchent  et il y a possibilité d’appel devant une
autre juridiction. Sans parler de la Cassation. J’ai effectivement ma lecture
qui vaut bien la vôtre et que d’autres, plus compétents que moi en matière
juridique. Mais, curieusement, des juristes partagent mon point de vue. Ils ont
peut-être tort. Mais si payer les éleveurs pour les dommages ou pour quelques
moyens incomplets et inadaptés de gardiennage c’est « protéger »
alors nous n’avons pas les mêmes valeurs. Attendons de voir. Une plainte a déjà
été déposée en Isère.

 

Vous évoquez des mesure prise pour que ce soit l’éleveur /
berger qui assure la protection. Ces dispositions existaient avant le 26
juillet 2010 date à laquelle cet alinéa 8 a été rajouté. Pourquoi le législateur
l’a-t-il rajouté ? Fallait-il préciser ? Pourquoi ?

 

Le réexamen du dossier en CIDO… Et l’amalgame avec la
Charte

Vous nier le fait de la pression collective qui a été exercé
par les éleveurs et leurs syndicats. C’est votre droit. C’est aussi le mien de
faire connaître ce qui s’est véritablement passé. Et je reste convaincu que si cette
pression n’avait pas existé il n’y aurait jamais eu de révision comme il avait
d’ailleurs été dit et repris par plusieurs organes de presse. Mais alors,
pourquoi avoir réexaminé le dossier si vous étiez si convaincu de votre bon
droit dès la première commission ?

 

Quant à l’amalgame avec la Charte il s’agit avant tout et
surtout d’interrogations sur les méthodes de travail, de relations et
d’exercice de la gouvernance. On ne fait pas le bonheur des gens contre leur
gré à coût de millions qui ne vous appartiennent pas, pas plus qu’au Parc
National. Vous parlez d’aides qui ne sont pas le fait du Parc National qui n’a,
dans ce domaine, qu’un rôle de facilitateur, mais des aides de l’Etat qui, s’il
n’y avait pas le Parc National transiterai par d’autres circuits.

 

Le comportement de quelques élus et représentant
d’association environnementaliste est significatif d’un comportement général
susceptible de se retrouver dans d’autres domaines. La Charte n’est qu’un petit
aspect des problèmes qui se poseront et déjà évoqués par de nombreux conseils
municipaux
.
 Mais vous avez omis de parler des
dispositions législatives et réglementaires 
pour lesquelles chacun n’a pas forcément la même lecture selon son
ressenti et son degré d’humanisme.

 

Un éleveur, quel qu’il soit, qui a subi une perte en estive
quel qu’en soit la raison, est avant tout une victime et doit être, à ce titre,
respectée. Est-il normal que des élus, à l’occasion de la CIDO portent des
jugements sur la qualité de leur travail à partir d’un rapport de
gardes ? Dans l’état actuel, rien ne permet de penser qu’il en sera
autrement dans le cadre de l’application de la Charte. Et pas seulement pour
les éleveurs. N’a-t-on pas le droit de s’interroger sur l’avenir ?

Je prends acte que vous ne répondez pas sur ces sujets.

 

 

Le problème des Parcs Nationaux en général est l’exercice de
la démocratie et leur capacité à communiquer. 
Alors que les assemblées des collectivités locales et territoriales sont
publiques, les Conseils d’Administration des Parcs Nationaux sont privés et
confidentiels. Aucune personne ne peut assister à ces Conseils en dehors des
membres nommés par le Ministre le plus souvent sur proposition du Préfet. Les
citoyens doivent se contenter de la presse qui reçoit vos informations
additionnées de ce qui peut être glané auprès des élus qui veulent bien parler
et dont le journaliste fait sa propre interprétation.. Est-ce normal ? N’y
a-t-il pas une défaillance de communication ? Voir même de démocratie.

 

Il faudra aussi que les Parcs Nationaux et certains de leurs
agents apprennent à accepter la critique et la contradiction.  C’est la conséquence de la vie démocratique. 

 

A noter également que l’article 7 de la Charte de
l’environnement adossée à la Constitution depuis 2004 : « Toute personne a le droit, dans les
conditions et les limites définies par la loi, d’accéder aux informations
relatives à l’environnement détenues par les autorités publiques et de
participer à l’élaboration des décisions publiques ayant une incidence sur
l’environnement »
. Le dialogue, l’échange, la critique font partie de
la vie publique y compris la critique d’élus. Il vous appartient d’expliquer « les limites définies par la
loi »
pour « accéder aux
informations relatives à l’environnement ».
Les PV des CA font-ils
partie de ces limites ? Car je n’ai pas su les trouver sur votre site. Si
oui, comment travailler en confiance et en connaissance de cause dans le cadre
de la Charte ? Même chose pour la CIDO, les travaux, les autorisations,
etc….  Et bien d’autres sujets que nous
traiterons ici et bien souvent passé sous silence.

 

 

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