‘Etre responsable moralement, c’est éviter de l’être juridiquement’ C’est par ces termes qu’Elie Cayrey, Ex-Major du PGHM de Pierrefitte Nestalas dans les Hautes-Pyrénées, accueillait les stagiaires de la FFME il y a quelques années. Mais pour se sentir moralement responsable, faut-il encore avoir une morale tout en respectant une certaine éthique. C’est malheureusement ce qui manque à certains pratiquants de la montagne et de l’escalade, qu’il s’agisse d’alpinisme, de ski, de randonnée, etc… Cette fois, deux alpinismes ont été pris la « main dans le sac » dans le massif du Mont-Blanc et la justice recadrera sans doute des comportements, certes minoritaires, mais inadmissible aux yeux de nombreuses personnes, qu’il s’agisse d’amateurs ou de professionnels.
Les faits
Jeudi, deux alpinismes effectuaient l’ascension de la face nord des Droites lorsqu’ils ont lancé un premier appel au PGHM. Les gendarmes leur recommandent de terminer par le couloir Lagarde. A l’approche de la nuit, ils sollicitent une nouvelle fois l’intervention du PGHM (Peloton de Gendarmerie de Haute Montagne) en prétendant être victimes de gelure, selon le capitaine Ribes, commandant en second du PGHM de Chamonix. A partir de cette information, les militaires de la gendarmerie décident d’une intervention malgré les risques de la nuit, avec l’hélicoptère de la sécurité civile. Hélitreuillés, les deux alpinistes sont transportés en urgence à l’hôpital de Sallanches. Après consultation, ils en ressortaient 30 mn plus tard en parfaite santé et se permettent d’appeler le PGHM pour récupérer leurs sacs…. « Messieurs, votre hélicoptère est avancé… »
Un usage abusif du secours en montagne
Quoique secouriste en montagne, un gendarme reste avant tout un gendarme. Une notion que beaucoup oublie ou ignore…. Et un gendarme qui soupçonne enquête. C’est ce qui s’est passé. Réclamer leurs sacs après être sortis 30 mn après avoir été déposés en urgence à l’hôpital est suspect. Les soupçons d’un recours abusif aux secours en haute montagne apparaissent.
Des poursuites engagées
Interrogés le lendemain par les gendarmes, l’évidence apparaît. C’est alors que, le parquet informé des faits, prend la décision de poursuivre les deux alpinistes pour ‘fausse divulgation de renseignements afin d’engager des secours’. Situation nouvelle en matière d’alpinisme et de sport. Reste à savoir si le Code Pénal s’applique bien à ce cas et s’il s’agit bien d’un délit passible de deux ans de prison et 30.000 euros d’amende. Ce sera au tribunal correctionnel de Bonneville d’en décider le 18 juin prochain.
Ces faits sont-ils nouveau ?
Il est difficile d’évaluer l’importance de ces comportements. Peu importe. Ce qui compte c’est que ceux-ci ne se développent pas. Sans pour autant être moralisateur, il est important de respecter quelques règles classiques de pratiques. S’engager dans une voie sans surestimer ses capacités, disposer des moyens pour faire face à des difficultés imprévues, ne pas compter sur les autres et assumer pleinement ses responsabilités et n’avoir recours aux secours qu’en situation extrême de mise en danger involontaire ou imprévue, ce qui suppose de préparer correctement sa course et de disposer du matériel approprié. La montagne ce n’est pas la place avec des surveillants de baignade.
Par ailleurs, que la communauté des pratiquants de la montagne soit vigilante vis-à-vis de ces abus dans tous les domaines de pratique afin que la gratuité des secours soit préservée.
Quelques rappels….
– Abus d’appel du secours en montagne
– Comportement en montagne et en escalade
– Les secours en montagne gratuits dans les Pyrénées
– Gratuité des secours pour des chiens de chasse
– Les secouristes en montagne dans les Hautes-Pyrénées de Claire Benoit
Louis Dollo