C’est samedi matin, nous nous rencontrons chez Laetitia à Villar d’Arène pour emballer nos sacs.
Deux jours plus tôt, Pierrot m’avait appelé pour suggérer de vérifier une ligne repérée par notre Laetitia préférée dans la vallée derrière sa maison – l’une des plus folles et des plus profondes des Écrines.
La ligne est située à droite de Louise Fine, sur la face nord de Pointe Louise. Dans les quelques photos que j’ai reçues, nous remarquons un superbe terrain de glace en bas, bien que je ne puisse pas dire combien de temps il est, suivi d’une pente de neige moyenne et d’un couloir supérieur très mince qui sort sur un col. Je suis immédiatement attiré par ce visage. La ligne semble évidente et bien formée. Nous fixons la date.
Les sacs à dos sont lourds. Tout déborde: tentes, vestes, piquets de neige, tampons de couchage. Cela fait un moment que je n’ai pas porté un pack aussi massif, et le poids devient évident sur les kilomètres d’approche.
Une fois que nous avons repéré la ligne, nous remarquons un poignard suspendu. Pas de glace? Il ne reste plus de glace? De grands doutes surviennent sur cette soi-disant ligne. Est-ce en état? Le pilier de glace s’est-il effondré?
Pour le prochain kilomètre, les doutes s’y glissent. Mais nous devons le vérifier. Bientôt, nous réalisons que notre ligne va à gauche de ce tristement célèbre poignard suspendu – et il est clairement visible sur nos photos. Énorme soulagement. Notre motivation monte à saillie.
Nous avons repéré l’ensemble du contrefort inférieur et vu également la pente centrale. Seul le haut bastion reste un mystère – nous le saurons demain!
La tente est lancée sur le glacier plat au bout de la vallée, face au col nord de Roche Faurio, qui sera notre itinéraire de descente.
2h15. L’alarme sonne. Contrairement à Pierre, j’ai eu une courte nuit. Comme d’habitude, je ne dors pas bien dans les montagnes – un mélange de peur, d’excitation et d’altitude avec laquelle j’ai toujours du mal.
Les repas lyophilisés sont rapidement consommés, puis nous nous dirigeons vers le glacier Tombe Murée. Laetitia a un problème avec son phare. Eh bien, nous plaisantons, c’est une excuse pour aller encore plus léger!
Dawn se brise juste au moment où je commence le premier lancer. Il donne rapidement le ton à la journée: de la glace raide, parfois bonne, parfois mauvaise. La protection est rare et peu fiable. Les ruisseaux seront le thème clé de cette ligne de glace. Je commence le pitch 2 sous une lumière dim mais rassurante. Sur ce mur escarpé de glace pourrie, je commence à pousser pour de vrai. Une chute ici ne serait pas jolie, avec ma dernière vis de 13 cm déjà à 8 mètres en dessous de moi. Je me concentre dur: balançoires de hache précises, placements solides. Le terrain se déroule, tissant à travers une glace incohérente.
Bientôt, nous atteignons la base du poignard suspendu et de la calotte glaciaire gauche. Laetitia prend les devants ici. Le terrain est à nouveau raide, avec une mauvaise neige. Elle se déplace lentement mais aussi en toute sécurité que possible. La suivant, je déloge un rocher qui frappe presque Pierre. Effrayant, mais aucun mal ne faisait. Pourtant, je me rappelle à quel point notre journée aurait pu s’y retrouver.
Viennent ensuite deux terrains de glace cinq étoiles, comme le meilleur que vous trouverez à Fournel Valley à la mi-février – Pure Joy. Ensuite, nous avons frappé la pente de neige centrale abrupte mais bonne. Nous déménageons rapidement ici. Pierrot sort de ces pentes avec une traversée vers la gauche qui nous amène à la hauteur supérieure.
À notre grande surprise, tout est de la glace. Quel frisson! En fait, le premier pas de cette section se révèle ne pas être en si bon état, les frottis sont minces et souvent mauvais, mais Pierre le négocie avec brio. Les emplacements suivants sont similaires mais toujours beaux dans ce couloir étroit, jusqu’à ce que la pente de neige finale nous amène au soleil avec un vent intensifiant qui le rend beaucoup plus froid.
Euphoria culmine alors que nous atteignons le col: le soleil, les bons amis et une nouvelle ligne dans le sac. Bonheur!
Mais l’ambiance change rapidement. Pendant le premier Abseil dans le rappel de la face sud, un rocher coupe une corde propre à 30 mètres. Les rappels seront désormais plus longs que prévu. Ensuite, tout en tirant la corde, il est coincé. Plus de temps perdu et frustration monte. Pierre remonte pour le libérer, prenant soin de ne pas l’endommager davantage.
En fin de compte, quatre rappels de 30 mètres nous atterrissent au pied de la face sud. Le relief nous lève car nous sommes reconnaissants d’être de retour sur un sol solide. Ce visage sud est vraiment horrible, testant nos nerfs.
Une courte traversée à travers le glacier nous amène au col nord de Roche Faurio. Tout ce qui reste, c’est le Couloir du Nord pour rejoindre la pente. La descente se transforme rapidement en un jeu coulissant – comme une conduite à toboggan – pour gagner du temps et de l’énergie.
Sous l’œil vigilant d’Adèle Planchard, fatigué mais heureux, nous retournons à la voiture, prêts à commencer notre troisième cours de formation avec le groupe Gean le lendemain.
– beaucoup de kilian, Chamonix
