J’ai un souvenir marquant : lors d’une visite d’un ancien bunker de la guerre froide en Allemagne, j’ai été frappé par l’ingéniosité des souterrains. Aujourd’hui, c’est près de Pékin qu’une étendue impressionnante voit le jour, grâce à des images satellites récemment analysées par le Financial Times¹.
Une vision militaire ambitieuse
Entre 1969 et 1979, à l’apogée de la guerre froide, Pékin a fait creuser un réseau d’abris souterrains de 85 km², susceptibles de résister aux frappes nucléaires². Cette stratégie, héritée de la guerre froide, a pris une ampleur inédite : les dernières photos montrent un complexe souterrain d’une superficie de 1 500 acres (≈6 km²), mis en chantier mi-2024 et conçu pour abriter un centre de commandement robuste. Selon des responsables américains cités par le Financial Times, ce complexe devrait servir de centre de commandement, abritant communications, centres de données et unités stratégiques, à l’abri des menaces conventionnelles et nucléaires.
Des enjeux pour la sécurité globale
L’annonce de ce projet relance immédiatement la course aux armements en Asie et au-delà. Pour de nombreux voisins – Japon, Corée du Sud, Inde – la montée en puissance de la Chine résonne comme un défi direct à l’équilibre des forces régionales. Le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) note une hausse des dépenses militaires globales de 9,4 % en 2024³, le plus fort bond annuel depuis la guerre froide.
Le saviez-vous ?
En 2024, la part des dépenses militaires dans le PIB mondial a atteint 2,5 %, un niveau inédit depuis 1988³.
Ingénierie sophistiquée et profondeur stratégique
Ce qui frappe les experts, c’est la combinaison de technologies de pointe et de profondeur stratégique. Les ingénieurs ont foré à plus de plusieurs centaines de mètres sous terre, tout en intégrant des systèmes anti-surveillance électronique. Des analystes de l’Institut international d’études stratégiques (IISS) estiment que ce centre pourra résister aux attaques par drones, missiles balistiques et cyber-offensives, grâce à des parois renforcées et à des boucliers de brouillage.
Réactions régionales et perspectives d’avenir
Dans un climat déjà tendu, Tokyo et Séoul ont immédiatement accéléré leurs propres programmes de modernisation militaire, tandis que New Delhi a lancé des exercices conjoints avec l’Armée américaine. Selon plusieurs analystes du Centre pour une nouvelle sécurité américaine (CNAS), ce réalignement rappelle celui observé à la fin de la guerre froide. Sur le plan diplomatique, plusieurs pays appellent au dialogue : l’ASEAN plaide pour des mécanismes de transparence, afin de réduire les risques d’escalade accidentelle. Au-delà du défi scientifique et militaire, c’est un devoir citoyen : soutenir la recherche et promouvoir des explorations responsables.
Notes de bas de page :
- Financial Times. “China builds huge wartime military command centre in Beijing.” 31 janvier 2025. https://www.ft.com/content/f3763e51-8607-42b9-9ef9-5789d5bf353d
- Wikipedia. “Ville souterraine de Pékin.” Consulté le 7 juillet 2025. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ville_souterraine_de_P%C3%A9kin
- Stockholm International Peace Research Institute. “Trends in World Military Expenditure, 2024.” 28 avril 2025. https://www.sipri.org/publications/2025/sipri-fact-sheets/trends-world-military-expenditure-2024