Un robot canadien découvre une masse sous l’océan, équivalente à 250 millions d’éléphants

Imaginez un instant une armée de 250 millions d’éléphants posés au fond des mers¹. C’est le poids colossal que viennent de mesurer des chercheurs canadiens grâce à un réseau de 903 robots autonomes¹. Cette révélation, issue du programme Biogéochimique-Argo², bouleverse notre vision de la vie marine et de son rôle crucial dans la lutte contre le changement climatique.

Une biomasse invisible, révélée par des robots flottants

Pendant des décennies, la biomasse des océans nous échappait partiellement, cantonnée à des estimations par satellite. Mais grâce à ces flotteurs sous-marins, capables de descendre à plusieurs centaines de mètres de profondeur et de remonter en surface pour transmettre près de 100 000 profils bio-optiques¹, cette masse organique a enfin été quantifiée. Résultat : environ 343 millions de tonnes de phytoplancton¹, soit l’équivalent de 250 millions d’éléphants.

Le saviez-vous ?

Le programme Argo d’observation océanique, lancé en 2000, comptait initialement 3 000 flotteurs dédiés à la température et à la salinité, avant d’intégrer en 2016 la composante biogéochimique (BGC-Argo)².

Le phytoplancton, ces petits géants du climat

À première vue, ces micro-algues sont invisibles à l’œil nu, mais leur impact est énorme. Par photosynthèse, le phytoplancton produit près de 50 % de l’oxygène que nous respirons et séquestre d’immenses volumes de dioxyde de carbone chaque année. À bord d’un voilier, j’ai eu la chance d’observer, en pleine nuit, une mer phosphorescente : tout un écosystème de phytoplancton illuminant l’obscurité.

Des données précieuses pour mieux anticiper le climat

Jusqu’à présent, les mesures en surface par satellite ne donnaient qu’une vision partielle de la santé océanique. Les robots du programme BGC-Argo comblent cette lacune en collectant des données dans les couches profondes : température, salinité, concentration en nutriments et en chlorophylle. Ces informations nourrissent les modèles climatiques et aident les décideurs à élaborer des politiques plus fines pour la préservation des océans et la régulation du climat.

Une avancée majeure pour la recherche océanographique

Le déploiement du programme BGC-Argo marque un tournant pour la science marine. Fini les relevés ponctuels en bateau, risqués et coûteux : ces flotteurs fonctionnent en continu pendant plusieurs années, offrant une cartographie dynamique de la biomasse et de la circulation des nutriments. Plusieurs ONG environnementales et institutions, comme la NOAA aux États-Unis, saluent déjà cette avancée qui renforce la capacité des chercheurs à anticiper les déséquilibres et à protéger les écosystèmes marins.

Cette découverte, rendue possible par une technologie de pointe et un travail de collaboration mondiale, souligne à quel point nos océans sont encore méconnus. En révélant une biomasse équivalente à des centaines de millions d’éléphants, elle nous rappelle que chaque goutte d’eau recèle un univers vital pour notre avenir climatique.

Notes de bas de page

  1. Phys.org. Global fleet of undersea robots reveals the phytoplankton hidden beneath the ocean’s surface – https://phys.org/news/2024-10-global-fleet-undersea-robots-reveals.html
  2. Biogeochemical Argo. Program – https://biogeochemical-argo.org/program.php

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