Une étude remet en cause l’humanité des plus anciens fossiles du Japon

D’emblée, cette découverte ébranle nos certitudes : des ossements vieux d’environ 20 000 ans¹, longtemps présentés comme les plus anciens témoins de la présence humaine au Japon, s’avèrent finalement appartenir à un Ursus arctos, un ours brun préhistorique.

Une affaire d’identité erronée

Il y a plus de soixante ans, entre 1957 et 1959², dans une carrière près de Toyohashi, des paléontologues mettaient au jour plusieurs fragments osseux, dont un humérus et une tête fémorale. Pendant des décennies, ces restes ont été considérés comme la première trace d’occupation humaine au Japon, âgée d’environ 20 000 ans¹.

Le saviez-vous ? L’original de l’« Homme d’Akashi », attribué au Pléistocène moyen, a été détruit lors du bombardement de Tokyo en mars 1945, et seules des reproductions en plâtre réalisées dans les années 1950 ont permis d’en conserver la morphologie³.

Réécrire la chronologie préhistorique du Japon

Récemment, une équipe dirigée par Gen Suwa a appliqué des techniques d’imagerie de pointe – notamment la tomodensitométrie – pour revisiter ces ossements³. Contre toute attente, l’analyse révèle qu’il s’agit de restes d’ours brun, et non d’Homo sapiens, ayant vécu dans la région il y a 20 000 ans¹. Conséquence immédiate : on retire à Toyohashi son statut de plus ancien foyer humain identifié, et on reporte la première présence humaine avérée entre 17 000 et 14 000 ans³, à Hamakita (préfecture de Shizuoka), à environ 40 km à l’est de Toyohashi³.

Quand les os nous trompent : un défi scientifique récurrent

Cette confusion osseuse n’a rien d’exceptionnel : en Alaska, dans les années 1990, un fragment initialement attribué à un plantigrade s’est avéré appartenir au squelette d’une femme autochtone de 3 000 ans³. Ces erreurs soulignent la difficulté de travailler sur des échantillons fragmentaires et avec des outils souvent limités.

l’humanité des plus anciens fossiles du Japon

Un bond technologique pour la recherche fossile

La remise en question des fossiles de Toyohashi illustre parfaitement l’importance d’une réévaluation constante en science. Les progrès en matière d’imagerie et d’analyses biomoléculaires (ADN ancien, isotopes) offrent désormais une précision inégalée. Les chercheurs peuvent examiner la densité interne des os, repérer des motifs de croissance spécifiques et obtenir une cartographie électronique en 3D, dépassant largement ce qui était envisageable dans les années 1950.

En définitive

Ce retournement de situation ne remet pas en cause la richesse du peuplement préhistorique du Japon, mais illustre l’humilité intrinsèque de la démarche scientifique : avancer, douter, comparer et ajuster nos récits. Car chaque os découvert, qu’il ait appartenu à notre lointain ancêtre ou à un ours, contribue aujourd’hui à éclairer la fascinante saga de la vie sur notre planète.


Notes de bas de page

  1. Japan’s Ushikawa Man Fossils Analyzed https://archaeology.org/news/2025/01/03/japans-ushikawa-man-fossils-analyzed/
  2. ‘Oldest human remains’ turn out to be bones of prehistoric bear https://www.asahi.com/ajw/articles/15539513
  3. 20 000-year-old ‘human’ fossils from Japan aren’t what we thought https://www.livescience.com/archaeology/20-000-year-old-human-fossils-from-japan-arent-what-we-thought

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