Dans un coin paisible de l’Inde, un cliché a récemment ému les amoureux de la nature. On y découvre un gavial majestueux glissant sur un fleuve sacré, avec plus de cent de ses petits installés sur son dos comme sur un radeau vivant. Derrière cette scène aussi rare que touchante se cache une réalité bien plus fragile : celle d’une espèce menacée.
Une apparition rarissime sur les eaux du Gange
Le gavial du Gange (Gavialis gangeticus), reconnaissable à son museau long et fin, est aujourd’hui l’un des reptiles les plus menacés de la planète. Il vit principalement dans des rivières du nord de l’Inde, notamment le Chambal, l’un des rares cours d’eau propices à sa reproduction. On estime que seuls 300 à 900 individus matures subsistent à l’état sauvage, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)¹.
Contrairement à ses cousins crocodiliens, le gavial ne peut transporter ses petits dans sa gueule – trop fragile et armée de nombreuses dents. Dans un geste à la fois pratique et poétique, certains les portent sur leur dos, une plateforme mobile pour naviguer en sécurité. Ce moment, immortalisé par le photographe Dhritiman Mukherjee, ressemble à une métaphore vivante de protection et de transmission.

Un père engagé dans la survie de l’espèce
Chez le gavial, ce sont souvent les mâles qui veillent sur les jeunes une fois éclos, les gardant contre les menaces naturelles comme les filets de pêche². Ce rôle paternel est crucial pour une espèce en danger. Un gavial adulte peut mesurer jusqu’à 5 mètres et peser près de 250 kilos — un géant paisible, mais vulnérable à la pollution, au braconnage et à la destruction de son habitat³.
Une image qui capte bien plus qu’un instant
Le photographe indien Dhritiman Mukherjee a capté cette scène après des semaines d’attente silencieuse au bord de la rivière⁴. Son cliché, d’un mâle portant ses petits, a reçu une mention spéciale (Highly Commended) au concours Wildlife Photographer of the Year, organisé par le Natural History Museum de Londres⁵.
Au-delà de sa beauté visuelle, cette image est un puissant appel à la conservation. Elle rappelle que nos rivières — loin d’être de simples décors — abritent une biodiversité fragile qu’il nous faut protéger.
Notes de bas de page
- IUCN Red List 2019 : population estimée à 300–900 individus matures de Gavialis gangeticus. — https://www.iucnredlist.org/species/8966/149227430
- Wikipedia (EN) – Gharial : comportements parentaux des mâles chez le gavial. — https://en.wikipedia.org/wiki/Gharial
- Edge of Existence – Gharial profile (2024) : moins de 250 individus adultes restants, extinction de 98 % depuis les années 1940. — https://www.edgeofexistence.org/species/gharial/
- Wildlife Photographer of the Year – The Return of the Gharials : récit du cliché de Dhritiman Mukherjee, patience et mise en lumière du comportement. — https://www.nhm.ac.uk/discover/wildlife-photographer-of-the-year-return-of-the-gharials.html
- Wikipedia (EN) – Dhritiman Mukherjee : mention de sa distinction « Highly Commended » au concours de Londres en 2020. — https://en.wikipedia.org/wiki/Dhritiman_Mukherjee