Le respect ! On vient de m’en manquer une fois de plus, en saccageant une partie de mes champs. Alors je vous fais partager mon désarroi de berger de montagne.
Etant en montagne, même haute montagne défavorisée aux yeux de la Pac ! Nos conditions sont réellement difficiles, mais ce n’est pas ce qui m’a gêné pour reprendre l’exploitation familiale, qui existe depuis 1800. Notre panorama, Dent d’Oche et Lac Léman, compense la pénibilité.
Notre secteur est touristique et beaucoup en vivent, moi-même j’ai été pisteur secouriste et dameur par la suite en station de ski alpin, j’ai même fait la formation d’accompagnateur en moyenne montagne, où on nous parlait de ‘l’esprit montagne’ c’est-à-dire respecter ce que la nature nous offre, plantes, faune sauvage, etc. Rester sur les itinéraires balisés, ne pas crier, ne pas jeter de détritus, etc. Toutes ces choses m’ont été transmises par ma famille, dès mon plus jeune âge !
Aujourd’hui je me sens impuissant. Les randonneurs ne respectent plus rien, traversent de partout dans nos champs, pique-niquent et laissent leurs déchets sur place, sans parler de leurs chiens, souvent pas attachés !
Mais s’il n’y avait qu’eux… Il y a motos, quads, 4×4, etc., de plus en plus, à détruire nos parcelles, nos clôtures jusqu’a écraser nos moutons dans nos champs privés !!!
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Les municipalités ne veulent pas agir. ….
Parlons des gendarmes aussi, je les appelle avant de faire ‘ une bêtise ‘ genre casser la g… à ceux qui nous saccagent nos parcelles, et ils me répondent : ‘Vous êtes mieux placé que nous pour les appréhender’ !
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Alors ma seule solution aujourd’hui, est-ce de m’armer ? D’arrêter mon travail de paysan berger de montagne ? Là, les mots me manquent et les larmes me viennent en pensant à ce que m’ont transmis mes aïeux. On nous met dehors de chez nous, et les autorités font l’autruche !
Observation
Ce type de comportement est malheureusement de plus en plus répandue dans tous les massifs et en plaine.
Nous avons le témoignage d’un berger des Alpes-Maritimes qui, l’été dernier, a dû quitter son estive et sa cabane avec son troupeau de 1000 brebis en étant invectivé et perturbé (pétard, radio, etc… au milieu du troupeau) par des naturalistes se réclamant d’une « grande » association bien connue (une main courante a été déposée en gendarmerie).
Sur la route du col du Tourmalet nous avons été témoin de voitures écrasant des brebis sur la chaussée ainsi qu’un camping car fonçant sur un troupeau alors qu’il s’agit d’une zone pastorale où les bêtes sont prioritaires… Et nous pouvons multiplier les cas.
A la veille de l’été alors que les randonneurs et autres usagers gratuits de la montagne (les éleveurs paient les pacages) vont commencer à circuler, il serait souhaitable que chacun respecte l’autre notamment ceux qui travaillent. La montagne n’appartient pas à tout le monde, contrairement à certaines affirmations, et n’est pas seulement un lieu ludique. C’est aussi un espace de vie et de travail, la continuité d’exploitations agricoles avant d’être un espace touristique où tout est permis.
Louis Dollo