C’est peut-être le pays du monde le plus vertueux en matière d’environnement : le Bhoutan, petit royaume de l’Himalaya, a promis à la communauté internationale qu’il resterait à perpétuité à un niveau zéro d’émissions de carbone ; sa Constitution prévoit une couverture forestière d’au moins 60 % ; le trekking de haute montagne est interdit pour protéger celle-ci ; les parcs nationaux couvrent la moitié du pays ; le tourisme de masse est exclu grâce à une politique élitiste imposant des dépenses minimum de 200 dollars par personne et par jour à tout visiteur étranger…
Cette exceptionnelle protection de l’environnement, l’un des principes fondateurs de la doctrine du « Bonheur National Brut » en vigueur dans le pays, est immédiatement perceptible au visiteur : un air pur, des montagnes boisées à l’infini, des villes propres, une architecture traditionnelle omniprésente, le royaume a des allures de petit paradis environnemental. Mais si aux yeux des Bhoutanais la protection de l’environnement n’a pas de prix, elle a un coût élevé. « Pensez à ce que nous rapporteraient nos forêts si nous les exploitions comme l’Indonésie ou le Brésil ! », s’exclame un officiel. Le pays, qui veut améliorer les conditions de vie de ses 680.000 habitants, s’efforce donc de jeter les bases d’une économie moderne résolument verte