Automédication sur le Mont-Blanc et autres considérations de l’alpinisme ordinaire

Y a-t’il du dopage sur les pentes du Mont-Blanc ? Quand certains crient au loup, l’heure n’est-elle pas plutôt à réaffirmer la beauté de l’alpinisme ordinaire ?

Du dopage au Mont-Blanc ?

C’était une rumeur qui hantait les couloirs des refuges de haute-montagne depuis quelques années : y a t-il une pratique généralisée de dopage sur les voies normales de sommets de l’alpinisme ordinaire ? Une rumeur aux airs de légende que certains grands acteurs du milieu montagnard prenaient très au sérieux, mais qui en faisait sourire beaucoup d’autres. Car de quelle forme de dopage parle-t-on au juste ? Et les pratiques considérées peuvent-elles simplement être assimilées à du dopage ?

« A la FFME, nous n’hésitons pas dénoncer des habitudes que l’on rencontre parfois en montagne, comme l’usage préventif de certaines molécules connues pour prévenir le mal d’altitude par exemple, au lieu de s’astreindre à réaliser une bon acclimatement. De surcroit, cette administration intempestive est susceptible d’engendrer des effets secondaires non négligeables et génère une moins bonne performance physique. » Pierre Belleudy, médecin de la Fédération Française de la Montagne et de l’Escalade, en a la certitude : il y a bien des pratiques dans l’alpinisme ordinaire qui – à défaut de pouvoir être qualifiées de dopantes – pausent clairement des problèmes d’ordre éthiques.

Pourquoi ne peut-on pas parler de dopage selon le médecin fédérale ? « Car cela implique la transgression d’une norme. Il n’y a pas de norme, au sens juridique du terme, qui interdise la consommation de ces molécules dans la pratique de l’alpinisme. On n’est pas sur un débat juridique mais sur un questionnement éthique. » Mais de quelles molécules parle-t-on au juste ?

Pour en avoir le cœur net, une équipe de médecins composée de Paul Robach, chercheur en physiologie à l’Ecole nationale de ski et d’alpinisme (ENSA) de Chamonix, docteur en sciences et guide de haute montagne ; assisté du Dr Pierre Bouzat, médecin de la Fédération française des clubs alpins et de de montagne et anesthésiste-réanimateur au CHU de Grenoble, et du Dr Gilles Trebes, médecin spécialiste de la question, ont réalisé une expérience plutôt originale cet été sur les pentes du Mont-Blanc.

L’idée ? Recueillir des échantillons d’urine des prétendants au sommet et les analyser. Pour ce faire, les praticiens ont installé des urinoirs un peu particuliers au refuge du Goûter et à celui des Cosmiques – les deux refuges où la grande majorité des alpinistes passent la nuit avant de tenter le sommet – entre juin et septembre 2013.

Le tout, après information succincte des usagers, avec la bénédiction d’un comité d’éthique, celle de la FFCAM et de la Compagnie des guides de Chamonix, l’aide de la fondation Petzl, la complicité de gardiens des refuges et le support logistique d’une compagnie d’hélicoptères pour effectuer de rapides allers-retours entre la montagne et la vallée afin d’analyser les échantillons d’urine prélevés dans les toilettes des hommes.

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