Alors que la France, et plus largement l’Union européenne, mise sur l’électrification des transports pour atteindre la neutralité carbone, un ingénieur et essayiste français tire la sonnette d’alarme. Il pointe les risques cachés du développement de la voiture électrique, qui pourrait finalement ne pas tenir ses promesses écologiques.
L’électrification : un pari risqué ?
Le passage à la voiture électrique est présenté comme la solution miracle pour lutter contre le réchauffement climatique. En effet, l’Union européenne prévoit l’interdiction de la vente de voitures thermiques neuves d’ici 2035, et les projections annoncent une explosion du marché des véhicules électriques (VE), qui pourrait compter jusqu’à 250 millions de véhicules en circulation dans le monde d’ici 2030. Cependant, selon Laurent Castaignède, ingénieur et auteur du livre La ruée vers la voiture électrique, ce passage à l’électrique risque de ne pas être aussi avantageux qu’on nous le promet.
Dans son ouvrage, il analyse les failles de la transition énergétique, et affirme que la voiture électrique, en dépit de son image « verte », pourrait provoquer des effets secondaires polluants et exacerber la consommation de ressources rares. L’automobile électrique, si elle continue d’être surconsommée et sur-dimensionnée, ne fera que déplacer la pollution et créer de nouvelles dépendances, surtout sur les métaux critiques utilisés pour les batteries, comme le lithium et le cobalt.

La question des métaux rares : un défi majeur
Laurent Castaignède alerte sur un point crucial : les métaux nécessaires à la production des batteries électriques ne sont pas aussi abondants qu’on pourrait le penser. Le lithium, le cobalt, le nickel, mais aussi le cuivre, le manganèse et le graphite sont des ressources nécessaires à la fabrication des batteries. Cependant, ces matériaux sont mal répartis géographiquement, ce qui crée de nouveaux risques géopolitiques. Castaignède évoque la possibilité de l’émergence d’un nouveau cartel des métaux, comme une sorte de « Opep » du lithium, où quelques pays détiendraient la majorité de la production, exerçant ainsi un pouvoir stratégique énorme.

En outre, l’extraction de ces ressources nécessite des quantités considérables d’énergie et génère des impacts environnementaux non négligeables. Les technologies actuelles d’extraction n’ont pas encore trouvé de solutions viables et écologiques à grande échelle. Et pour compliquer encore les choses, le marché mondial de ces matériaux est déjà sur-sollicité par d’autres industries, comme celle des énergies renouvelables.
La production d’électricité : une autre source de préoccupations
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Castaignède souligne aussi que l’argument selon lequel l’électricité décarbonée de pays comme la France ou le Québec suffira pour alimenter les flottes de véhicules électriques est trompeur. Produire plus d’électricité verte, pour satisfaire les besoins énergétiques croissants des véhicules électriques, n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît.

Prenons l’exemple du Québec, où l’électricité est principalement produite à partir de sources renouvelables. Bien que cela semble idéal, une part de cette énergie est exportée, et si le Québec choisit de massivement électrifier ses véhicules sans augmenter ses capacités de production, la demande intérieure entraînera un déficit d’électricité. En retour, d’autres régions compenseront ce manque en activant des centrales à charbon, ce qui aggraverait les émissions de CO2.
De même, en France, malgré une part importante de nucléaire dans le mix énergétique, la capacité réelle de la production décarbonée pour répondre aux nouveaux besoins électriques est limitée à seulement 30 % du temps. Le reste de l’année, l’électricité proviendra de gaz naturel ou de charbon, ce qui rend le bilan écologique des voitures électriques moins favorable qu’on ne le prétend.
L’électrification ne suffit pas : il faut une vraie sobriété
Castaignède va plus loin en soulignant qu’une véritable transition écologique ne passera pas uniquement par l’électrification des transports. Il insiste sur la nécessité de la sobriété énergétique, ce qui inclut la réduction des distances parcourues, la réduction du nombre de véhicules, mais aussi la limitation du poids des voitures. Paradoxalement, l’électrification des véhicules a souvent conduit à des voitures plus lourdes, plus grandes, et donc plus consommatrices de ressources.
Les progrès technologiques et la demande du marché n’ont fait qu’accentuer cette tendance, avec des SUV électriques devenant la norme. Ces véhicules, au lieu d’être plus économes et légers, sont de plus en plus encombrants, ce qui constitue un gaspillage de matériaux et d’énergie. La solution, selon lui, réside dans une régulation stricte des caractéristiques des véhicules, avec des limites de poids et des vitesses maximales adaptées à des véhicules de plus de 1,5 tonne.
Le « Electric Gate » : vers un nouveau scandale écologique ?
En conclusion, Laurent Castaignède met en garde contre ce qu’il appelle un « Electric Gate » : un futur où les véhicules électriques, loin de réduire les émissions de gaz à effet de serre, pourraient même aggraver la situation en augmentant la demande de pétrole pour les véhicules thermiques restants. D’ici 2035, il prédit un échec cuisant de la transition vers l’électrique, avec un impact environnemental qui ne baisserait pas, voire augmenterait, et un gaspillage de ressources inévitable.
Les consommateurs, les industriels et les décideurs politiques devront prendre en compte ces avertissements et réorienter leurs efforts pour une véritable transition énergétique, alliant sobriété et innovations responsables, et pas seulement une électrification aveugle des transports.
Une nouvelle dépendance. MDR.
Nous avons déjà dépendant du reste du monde et de ces variations géo politique.
Une batterie peut être fabriqué avec tout un tas de matériaux. Comme les LFP ou même a bas de Sel. Les connaissances des VE actuelles ne sont pas celles de demain.