Bastien a choisi de vivre dans la rue : « On me prend pour un fou »

Bastien, 38 ans, a décidé de tracer sa route autrement en optant pour une vie dans la rue. Pour lui, la liberté se résume à pouvoir partir à tout moment, sans attaches ni contraintes. « Si demain je veux partir, je pars. Je n’ai aucune attache, rien », confie-t-il avec un sourire empreint de sincérité. Ce mode de vie, bien qu’incompris par beaucoup, est le fruit d’un choix personnel et réfléchi, qui rappelle la quête d’autonomie que nous retrouvons parfois dans nos souvenirs de jeunesse.

La maladie de la bougeotte

Avec un simple grand sac à dos pour compagnon, Bastien sillonne les rues de Lyon, tout en gardant en mémoire ses années passées en Italie, où il avait déjà expérimenté la vie nomade. Il se souvient avec humour de son passé de forain, époque durant laquelle il parcourait le pays pour monter des spectacles de rue ou créer de petites sculptures en cannettes pour gagner sa vie. « J’ai la maladie de la bougeotte », lance-t-il en riant, évoquant ces moments où le voyage était synonyme de liberté absolue et d’aventures inattendues.

Vivre avec dignité malgré l’adversité

Installé sur la passerelle du palais de justice à Lyon, entre le Vieux Lyon et la Presqu’Île, Bastien a su transformer un lieu public en un espace où il revendique son droit à la liberté. Sa pancarte, arborant l’inscription humoristique « trop moche pour la prostitution », attire l’attention et amène souvent le sourire aux passants. Pour lui, cette existence est loin d’être une fatalité : « Je ne pourrais pas être dans un appartement. Après avoir payé toutes les charges, il ne reste plus rien. » Il explique également comment, grâce à un petit kit de panneaux solaires, il parvient à recharger son téléphone et à rester connecté, signe d’une ingéniosité qui lui permet de vivre dignement malgré les aléas de la rue.

La solidarité lyonnaise

La vie de Bastien n’est pas uniquement marquée par l’errance. Il bénéficie également de la générosité et de la solidarité de certains habitants de Lyon. Les commerçants du Vieux Lyon, par exemple, lui offrent régulièrement un repas ou quelques vivres, renforçant ainsi le lien social dans un environnement souvent stigmatisé. Cette entraide rappelle l’action de nombreuses associations telles que la Fondation Abbé Pierre, qui œuvrent pour accompagner les personnes en situation d’itinérance et favoriser leur réinsertion.

L’avenir d’un nomade

Bastien vit et se déplace seul, mais ne se laisse pas envahir par la solitude. Il choisit de s’entourer d’amitiés parfois lointaines, notamment en Italie, et nourrit le rêve de retrouver un jour ce pays qui lui a tant appris sur l’art de vivre en marge des conventions. « Je vais rester encore un peu à Lyon, mais ma bougeotte finira par me reprendre. » Qu’il s’agisse de Toulouse, Lille ou Marseille, l’avenir demeure un mystère, tout comme l’est l’appel de l’aventure qui anime ce grand nomade. Pour lui, la vie se mesure en kilomètres parcourus et en rencontres inattendues, prouvant que le chemin le plus difficile peut aussi être le plus riche en émotions et en découvertes.

Laisser un commentaire

7 − 7 =